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Huien-Té de venir au chef-lieu pour délibérer sur les affaires de la guerre ; celui-ci partit emmenant à sa suite Kouan-Yun et Tchang-Fey, ainsi qu’une dizaine de cavaliers. Le vieux gouverneur l’ayant fait approcher de son lit, lui dit : « Seigneur, en vous appelant ici, mon intention a été de vous avertir que la maladie a fait en moi de grands ravages ; ma fin approche, mille et mille fois, seigneur, je vous en supplie, ayez pitié de cette ville qui appartient aux Han ; elle mérite par conséquent que vous la preniez en considération ; acceptez ce sceau, au moins le vieillard pourra-t-il mourir en paix ! — Et vos enfants, objectait Hiuen-Té, ne vous succéderont-ils pas ? — Tous les deux, répondit Tao, ils sont plus propres à labourer leurs champs qu’à gouverner une province ; après ma mort, j’espère que vous daignerez prendre soin de leur éducation, mais surtout veillez à ce qu’ils ne se mêlent en rien aux affaires de l’État. »

Hiuen-Té allégua encore, par modestie, les difficultés qu’entraîne le gouvernement d’une grande province ; mais pour toute réponse Tao-Kien lui désigna comme très-capable de l’aider dans la direction des affaires son assesseur Sun-Kan de Pé-Hay (surnommé Kong-Yeou), et, se tournant vers My-Tcho, il ajouta : « Hiuen-Té est un des grands hommes de notre siècle ; efforcez-vous de le bien servir. » Il s’en fallait beaucoup que Hiuen-Té consentît encore à accepter ce gouvernement tant de fois offert ; mais le vieillard, montrant son cœur avec sa main défaillante, expira.

À peine les premières cérémonies funèbres furent-elles accomplies que tous les mandarins de la principauté pressèrent de nouveau Hiuen-Té de se mettre à la tête des affaires ; et comme il persistait dans ses refus, il fallut que le peuple vînt se prosterner à ses pieds en gémissant : « Si vous ne daignez pas prendre la direction de la province, disaient ces braves gens, nous périrons tous de la main des bandits ! »

Ainsi Hiuen-Té devint gouverneur et seigneur de Su-Tchéou ; My-Tcho et Sun-Kan lui servaient de ministres, et Tchin-Teng était son conseiller intime. D’une part, les troupes restées à Siao-Pey rentrèrent dans le chef-lieu, et des proclamations furent