Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/273

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la mêlée ; mais le redoutable Liu-Pou est sur ses talons qui d’un coup de lance fait sauter son casque en criant : « Où est Tsao ! — Devant vous, répond Tsao lui-même en lui indiquant du doigt, par-dessus son épaule, quelqu’un au hasard ; le voilà qui galope sur un cheval jaune. » Et il s’esquive ventre à terre en changeant de route, tandis que Liu-Pou l’abandonne et poursuit cet autre cavalier.

Or, comme il arrivait près de la porte de l’est, Tsao rencontre Tien-Wey qui lui crie : « Général, la porte du sud s’est écroulée, passez par celle-ci. » Et ils l’atteignirent à la longue en suivant une rue que le fidèle Tien marqua d’une trace sanglante. De toutes parts les flammes se répandent à travers les rues ; du haut des murailles on lance des tas d’herbes en feu, des fascines incandescentes ; la terre entière paraît enveloppée d’un étincelant réseau.

Avec sa lance, Tien disperse ces matières brûlantes ; il traverse au galop les nuages de fumée, les tourbillons de flammes, Il gagne la plaine après avoir ouvert une route à son général, et Tsao allait franchir la porte quand la galerie s’ébranle ; une poutre enflammée tombe sur la croupe de son cheval et l’abat. Tsao rejette loin de lui le brandon fumant, puis arrive au bord extérieur du fossé, la barbe brûlée jusqu’à la peau. À ce moment Tien-Wey, qui marchait en avant, se trouvait hors des murs ; là il rencontre Heou-Youen, et tous les deux ils se précipitent de nouveau dans la ville pour y chercher leur chef à travers les flammes. Heou-Youen aperçoit Tsao ; il le prend dans ses bras, l’emporte sur son cheval et le sauve, grâce à Tien-Wey qui leur fraie un passage avec sa lance. Les autres divisions avaient à lutter contre les troupes de Liu-Pou qui les attaquaient vigoureusement ; le combat dura jusqu’au jour.

Tsao rentre dans son camp ; ses officiers tombent à genoux autour de lui et le félicitent de sa délivrance. « J’ai donné dans le piége du brigand, leur répondit-il avec un sourire, mais j’aurai ma revanche. » Et il eut recours au stratagème suivant qu’il développa lui-même à Kouo-Kia, son conseiller.

Toute l’armée fit des démonstrations de deuil, et on répandit