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le fossé. À son tour Kao-Chun, hors d’état de résister, court s’enfermer dans les murs de la place.

Aussitôt un des soldats de la garnison profite du moment pour sortir de la ville et vient secrètement remettre à Tsao un billet ainsi conçu : « Cette nuit, à la première veille, quand résonnera le tambour de cuivre, ce sera le signal. Faites marcher vos troupes, les portes vous seront livrées. » Là-dessus, Tsao choisit quatre de ses lieutenants, Heou-Youen, Ly-Tien, Yo-Tsin et Tien-Wey, qui doivent avec lui pénétrer dans la ville à l’heure dite. Il donne à Heou-Tun le commandement de l’aile gauche, et celui de l’aile droite à son parent Tsao-Hong. Dès qu’il fait nuit, après le repas du soir, tous sont à cheval.

Ly-Tien pria Tsao de rester hors des murs, tandis qu’il s’aventurait le premier dans la ville, mais celui-ci repoussa ce conseil : « Si je ne me montre pas en personne, répondit-il, qui osera venir au-devant de nous ? » Aussitôt il prend ses troupes et marche. La lune ne montrait pas encore sa lumière ; quand la première veille retentit sur les murs, au moment où frappe le tambour, un bruit confus, auquel se mêle celui de voix nombreuses, se fait entendre dans la ville du côté de l’ouest. Là aussi montent les flammes d’un incendie ; les portes s’ouvrent toutes grandes, le pont-levis s’abaisse. Afin d’entrer le premier, Tsao fouette son cheval ; le voilà en dedans des murailles.

Arrivé jusque dans la rue principale où il ne voit personne venir au-devant de lui, Tsao a deviné le piége ; il tourne bride, crie à ses soldats de reculer ; mais à un signal convenu, au bruit du canon d’alarme, le feu se déclare aux quatre portes comme s’il fût tombé du ciel : devant le cheval de Tsao marchait Tien-Wey, armé de ses deux lances.

On entend retentir de toutes parts les tambours de cuivre ; c’est un vacarme pareil au bruit d’un fleuve débordé, d’une mer en courroux. Par les rues principales de l’est et de l’ouest s’avancent deux divisions qui, avec leurs forces réunies, assaillent Tsao ; il veut fuir par la porte du nord, deux autres divisions le prennent à la fois en flanc et achèvent de détruire les troupes qui l’accompagnent ; en vain se jette-t-il du côté du sud, là en-