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Le stratagème plaisait à Liu-Pou ; il fit secrètement prier l’individu nommé Tien d’écrire la lettre convenue. Honteux de sa défaite, Tsao osait à peine regarder en face la ville de Pou-Yang, perdue pour lui, et ne savait quel parti prendre. On lui annonce un messager qu’il reçoit et une lettre dont voici la teneur :

« Liu-Pou est parti pour Ly-Yang ; la ville est déserte, nous vous attendons avec une vive impatience. Nous agirons de concert avec vous ; le signal sera une bannière blanche arborée sur les murs et portant cette devise : Fidélité ! écrite en gros caractères. »

« C’est le ciel qui veut me livrer Pou-Yang, » s’écria Tsao, et dans sa joie il combla de présents le messager. Déjà même il rassemblait ses troupes, mais un des conseillers militaires nommé Liéou-Ye l’arrêta : « Si Liu-Pou n’a pas de grandes ressources d’esprit, il les trouve dans Tchin-Kong ; ce Tien se prête à une trahison. — Avec de pareilles craintes, reprit Tsao, on fait avorter toutes les belles entreprises. — Au moins ayez de la prudence, reprit le conseiller ; séparez vos forces en trois divisions, deux resteront en embuscade hors des murs pour prêter main forte, l’autre entrera dans la ville ; une fois ces précautions prises, vous pourrez agir. » Tsao approuva ce plan qui, disait-il, était d’accord avec ses propres idées.

[Année 194 de J.-C] On était alors au 21e jour du 9e mois de la 1re année Hing-Ping, la 11e du 48e cycle. Arrivé au pied des murailles avec ses troupes, Tsao s’avance pour faire une reconnaissance. Tout autour des remparts il voit flotter de petits drapeaux ; mais à l’angle occidental se déroule la bannière blanche avec la devise : Fidélité. Une joie secrète fait battre son cœur. Ce même jour, à la septième heure, les portes s’ouvrent, et deux divisions sortent pour s’opposer à son approche. En tête marche Heou-Tching ; derrière lui vient Kao-Chun. Mais Tsao envoie contre ces deux généraux Tien-Wey qui, armé de ses deux lances, attaque le premier des deux chefs ennemis. Celui-ci ayant sur les bras un trop rude adversaire tourne bride et rentre dans la ville. Tien-Wey le poursuit jusqu’au pont qui traverse