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à l’instant même. — Aujourd’hui, général, des circonstances analogues nous engagent à imiter ce plan d’attaque, songez-y bien ! »

Liu-Pou ne voulut rien écouter ; il persista dans son intention de marcher au-devant de Tsao : « En rassemblant mes forces à Pou-Yang, répliqua-t-il, j’ai un autre projet que vous ignorez. «  Cela dit, il partit, laissant la ville de Yen-Tchéou sous la garde de Sie-Lan.

Quand l’armée de Tsao arriva aux passages difficiles, Kouo-Kia recommanda la prudence : « S’il y avait là une embuscade ? — Ah ! répondit Tsao en souriant, Liu-Pou est un étourdi ; je devine parfaitement les dispositions qu’il a prises, et, j’en suis sûr, il n’y a aucun piége à craindre ! Tandis que Tsao-Jin ira assiéger Yen-Tchéou, je marcherai moi-même sur Pou-Yang ; j’en aurai bientôt fini avec cet adversaire ! » De son côté, Tchin-Kong disait à Liu-Pou, dès qu’il apprit la marche de Tsao : « Les soldats ennemis sont las et harassés, votre intérêt est de les attaquer au plus vite sans leur laisser le temps de se remettre. Avant qu’ils aient pu manger et prendre haleine, marchez et ils reculeront ! » Mais Liu-Pou s’écria : « Je puis traverser tout l’Empire avec mon cheval renommé sans trouver de rival ! Comment craindrai-je Tsao ! Laissons-le camper et je le tiens ! »

Tsao campa en effet près de Pou-Yang et déploya son armée le lendemain dans une plaine unie. À cheval auprès de sa bannière, entouré de ses généraux, il voit Liu-Pou qui range ses troupes en bataille et s’élance au galop, ayant Tchin-Kong à sa gauche, à sa droite Kao-Chun. De chaque côté se développent ses huit divisions ; en tête des lignes paraît un chef de cavalerie irrégulière, un héros de vingt ans, Tchang-Léao[1], dont le visage brille comme le jade violet et les yeux comme des étoiles ; il se tient immobile au premier rang. Un second général, du même grade, se fait aussi remarquer, c’est Tsang-Pa[2] ; doué d’un caractère ardent, agile comme un loup, il part

  1. Son surnom Wen-Youen ; il était de Ma-Y dans le Yen-Men.
  2. Son surnom Hiuen-Kao ; il était de Hoa-Yn dans les monts Tay-Chan.