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sait le Teng-Hien, appela à lui les généraux de seconde classe, Ly-Fong et Sie-Lan (les mêmes qui avaient trahi l’empereur après s’être déclarés pour lui dans sa retraite à Hong-Nong) ; il les assura du désir qu’il avait depuis longtemps de les prendre à son service, et leur proposa de garder le Yen-Tchéou avec dix mille hommes, tandis qu’il se mettrait lui-même en campagne contre Tsao.

Ce projet était déjà adopté par les deux officiers quand Tchin-Kong, plus prudent, demanda à Liu-Pou dans quel lieu il irait s’établir en quittant Yen-Tchéou ? « À Pou-Yang, répondit celui-ci ; je veux y réunir mes troupes, en faire le centre de ma puissance ! — Gardez-vous-en bien, reprit Kong ; Sie-Lan ne pourra se maintenir à Yen-Tchéou ; à dix-huit milles d’ici, les monts Tay-Chan vous offrent des défilés où vous ferez bien de cacher dix mille soldats choisis. Instruit de la prise de Yen-Tchéou, Tsao ne manquera pas de se mettre en marche ; et, quand une fois il se sera engagé au milieu des gorges où le piége l’attend, rien qu’en allongeant la main vous vous rendrez maître de lui et de son armée. » Cet avis fort sage était appuyé par un exemple tiré de l’histoire des guerres civiles au temps de Liéou-Pang.

« Autrefois Han-Sin, voulant battre les troupes du pays de Tchao, s’engagea dans le défilé de Hing-Tching. Ly-Tso-Che, petit prince de Kwang-Wou, donna à Tching-Yu, prince de Tching-Ngan, l’avis suivant : « Aujourd’hui les troupes ennemies s’approchent des passages qui leur sont ouverts ; leurs forces sont considérables, irrésistibles, mais le défilé où elles s’engagent n’offre ni route pour la manœuvre des chars ni espace pour le déploiement de la cavalerie. Je calcule que ces troupes doivent avoir des vivres à leur suite. Laissez-moi prendre trente mille hommes d’élite, je les suivrai dans ce défilé et j’intercepterai leurs provisions ; vous, posté dans les vallées et sur les hauteurs, ne les attaquez pas. L’ennemi ne trouvera de facilité ni pour combattre s’il avance, ni pour reculer s’il bat en retraite ; d’où tirera-t-il des vivres ? En moins de dix jours la tête des deux généraux sera coupée et suspendue à la bannière, sinon