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de vertus et de talents, doué de tant de justice, je me suis senti grandement honoré et consolé. Ainsi, je fais défiler mes troupes par le chemin qui conduit à mon gouvernement ; tenez-vous-en pour averti ; après avoir été séparés, nous serons unis un jour. »

La joie du vieux gouverneur Tao-Kien fut grande quand un courrier, en lui apportant cette lettre, lui apprit le départ de Tsao-Tsao et de toute sa formidable armée. Il appela dans la ville Kong-Yong, Tien-Kay, Yun-Tchang, tous ces chefs qui étaient venus à son secours, et logea leurs soldats dans ses murs. Ensuite, il prépara un banquet solennel, dans lequel on le vit insister vainement près de Hiuen-Té pour lui faire accepter la place d’honneur.

Au milieu du repas, le vieux mandarin lui dit encore : « L’âge m’accable, la force m’abandonne ; j’ai deux fils dénués de mérite, incapables de rendre à la dynastie de grands services. Vous, seigneur, vous parent des Han, doué d’une immense vertu, d’un talent élevé, prenez la charge que je vous laisse, et que je puisse aller dans la retraite soigner les infirmités de ma vieillesse ! »

Hiuen-Té restait inébranlable dans son refus. « Je suis venu, sur l’invitation de Kong-Yong, pour délivrer votre ville assiégée, répondit-il, pour vous secourir vous-même, au nom de la justice. Et, si j’acceptais votre offre, ceux qui ne me connaissent pas m’accuseraient d’avoir commis une action contraire à cette même vertu ! — Les Han sont tombés, s’écria alors My-Tcho, l’anarchie règne d’un bout à l’autre de l’Empire ; si le mérite doit conduire aux honneurs, aux rangs élevés, c’est dans ces temps de crise. Le Su-Tchéou est un pays riche et florissant, qui renferme une population d’un million d’âmes. Seigneur, vous ne pouvez plus longtemps résister à nos prières. » Ces instances demeuraient sans effet ; Tchin-Teng y joignit inutilement les siennes, en exposant les infirmités et l’âge du vieux gouverneur.

Enfin, ce haut rang dont on voulait l’honorer, Hiuen-Té proposa de le conférer au chef de l’ancienne confédération, à Youen-Chao, qui réunissait dans sa famille les trois premières