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une barque comme un fugitif. La victoire restera à celui des deux ministres qui possède ce palladium devant lequel le peuple obéissant s’incline et frappe la terre de son front. Les mandarins délivrés regagnent leur maître ; la cour errante se décide à retourner dans l’ancienne et véritable capitale que Tong-Tcho avait incendiée, à tenter une restauration de la dynastie des Han. Dans cette guerre civile, les Tartares Hioung-Nou avaient pris parti pour l’empereur ; à leurs yeux, un monarque captif, tombé au dernier degré de misère, représentait encore l’empire chinois.

Quand il s’agit de rétablir l’ordre si longtemps troublé, de mettre le jeune souverain sous la tutelle d’un homme énergique et probe, tous les regards se tournèrent vers Tsao-Tsao. Ce général, que les historiens de la Chine célèbrent comme un héros accompli, « avait un talent particulier pour connaître les hommes et pour les employer selon leurs mérites, dit Klaproth dans ses Tableaux historiques de l’Asie. Ce fut la principale cause des succès qu’il obtint dans presque toutes ses entreprises. Quand il reconnaissait de l’habileté à quelqu’un, il le cultivait avec soin, quelle que fût sa naissance. Il usait de tant de précautions dans ses campagnes, qu’il était très-difficile de le surprendre. En présence de l’ennemi, dans le plus fort du combat, il conservait un rare sang-froid, et ne laissait jamais apercevoir la moindre inquiétude. Libéral à l’excès quand il s’agissait de récompenser une belle action, il se montrait intraitable à l’égard des gens sans mérite et ne leur accordait jamais rien. Ne condamnant personne sans de puissants motifs, il était inflexible dans l’exécution de ses ordres, que ni