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sa conduite ? Cette lettre n’avait pas d’autre but que de l’injurier en face ! » Il voulait faire décapiter le messager et ordonner l’assaut. Le conseiller militaire Kouo-Kia l’en détourna par de sages conseils. « Réprimez votre colère, lui dit-il ; Hiuen-Té, venu de si loin au secours des assiégés, veut tenter les voies de conciliation avant de combattre ; répondez-lui par de belles paroles, endormez-le, et puis faites marcher vos troupes ; attaquez la ville et elle est prise ! » Tsao calma son irritation et sourit même à l’idée de tromper Hiuen-Té et de le prier de venir lui faire une visite dans son camp. Il écrivit donc et garda l’envoyé près de lui.

Comme il délibérait sur les moyens de faire parvenir cette réponse, des éclaireurs arrivèrent au galop ; ils annonçaient ceci : Le général Liu-Pou, battu sous les murs de la capitale par les deux rebelles successeurs de Tong-Tcho, était allé au delà du passage de Wou-Kouan se réfugier près de Youen. Celui-ci ne l’avait pas employé, par défiance à l’égard d’un homme coupable déjà de deux trahisons. Alors l’aventurier avait pris du service dans les armées de Yuen-Chao (frère du précédent, ancien chef de la confédération), qui était allé avec lui battre Tchang-Yen à Tchang-Chan. Mais Liu-Pou, par la fierté de son caractère, par sa dureté envers ses subordonnés, indisposa Youen-Chao, et celui-ci l’eût fait périr, s’il ne se fût enfui avec des troupes près de Tchang-Yang qui l’accueillit. Un certain Pang-Chu, qui avait caché dans la capitale la famille entière de Liu-Pou, la lui renvoya saine et sauve. Les deux généraux tout-puissants, Ly-Kio et Kouo-Tsé, en ayant été instruits, firent décapiter Pang-Chu et écrivirent à Tchang-Yang qu’il eût à se défaire de Liu-Pou. Celui-ci, averti à temps, se réfugia près de Tchang-Miao. Le jeune frère de ce dernier, Tchang-Tchao, lui ayant amené le conseiller militaire Tchin-Kong[1], ce mandarin dit : « De toutes parts il se lève des héros ; l’Empire se divise, se fractionne de tous côtés. Vous-même, seigneur, qui avez sous vos ordres une grande province, de nombreux soldats, fortifiez-vous

  1. Celui qui avait abandonné Tsao-Tsao après le meurtre de la famille de Liu-Pa-Ché. Voir liv. I, ch. IV, p. 78.