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Le grade de commandant du district de Ping-Youen m’est échu, je n’en veux pas d’autre ; je ne suis venu près de vous que pour vous porter secours au nom de la justice ; cessez de me parler ainsi, car chacun penserait que je suis un ambitieux avide à vous dépouiller. L’acceptation d’une pareille offre m’attirerait la colère du ciel ! »

Cependant Tao-Kien désirait ardemment céder sa province à Hiuen, et il insista si bien que celui-ci devait accepter. Mais il voulait tenter à l’égard de Tsao un dernier moyen de conciliation : « Personne ne peut le forcer à lever le siége ; laissez-moi lui adresser un message ; s’il refuse la paix, je l’extermine sans plus tarder. » La lettre écrite par Hiuen-Té fut remise à Tsao au milieu de son camp, tandis qu’il cherchait avec ses officiers un moyen de réduire la ville. Quand on lui annonça l’arrivée d’un message des assiégés, l’orgueilleux général se prit à rire ; puis il ouvrit la missive et reconnut qu’elle était de la main de Hiuen-Té. En voici le contenu :

« Liéou-Hiuen-Té a eu jadis l’honneur de voir votre seigneurie pendant la guerre des confédérés contre Tong-Tcho, et à chaque endroit de la terre où l’occasion s’est offerte, il n’a pas manqué de lui présenter ses respects. Naguères, l’illustre père de votre seigneurie, ainsi que toute sa famille, ont péri de la main de Tchang-Kay, homme pervers et criminel. Quant au gouverneur Tao-Kien, c’est un vieillard plein de loyauté, de justice ; la nouvelle de ce désastre lui a fendu le cœur !

« Liéou-Hiuen-Té espère que votre seigneurie voudra bien prendre ces choses en considération, et éloigner les innombrables soldats qui menacent la ville. En mettant un terme aux calamités qui ruinent l’Empire, en prêtant à l’empereur le secours de son bras, en retirant le peuple de l’abîme dans lequel il gémit, votre seigneurie fera le bonheur du prince et des sujets ! Liéou-Hiuen-Té souhaite ardemment que votre seigneurie réfléchisse à ses paroles. »

Cette lettre indisposa beaucoup Tsao-Tsao. « Qu’était donc Hiuen-Té pour oser lui écrire des paroles de reproches, lui dicter