Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que Tien-Kay de Tsing-Tchéou amenait des troupes. Le vieux gouverneur reprit courage ; Kong-Yong et Tien-Kay se présentant à la fois avec leurs armées, Tsao épouvanté se décida à s’aller retrancher dans les montagnes sans plus risquer de combat. À la vue de ces deux corps auxiliaires, il partagea ses troupes et n’osa plus envelopper la ville de si près. Hiuen-Té, arrivé au camp, alla saluer Kong-Yong, qui, dans sa prudence, voulait qu’on se défiât du repos de l’ennemi, de cette immobilité qui cachait sans doute quelque piège. « Épions d’abord ses mouvements, disait-il, et nous agirons ensuite. »

Mais Hiuen-Té craignait que la ville ne manquât de vivres ; il voyait dans ce retard une nouvelle cause de péril : « Marchez, disait-il, Yun-Tchang et Tseu-Long vous soutiendront avec quatre mille hommes ; moi-même, suivi de Tchang-Fey, j’irai assaillir le camp de Tsao, et, après avoir pénétré dans la ville, nous nous entendrons avec le gouverneur assiégé. »

Cet avis fut adopté par Kong-Yong ; il se concerta avec Tien-Kay pour la disposition des troupes, qui devaient faire une double attaque et prendre l’ennemi en tête et en queue. À la gauche étaient les soldats de Kong-Yong, à la droite ceux de Tien-Kay, au centre Yun-Tchang et Tseu-Long avec leurs quatre mille combattants. Les deux corps devaient marcher en même temps et se prêter un appui mutuel. Ce même jour, Hiuen-Té, accompagné de Tchang-Fey, s’avança à la tête de mille cavaliers jusqu’auprès du camp du général ennemi ; il était à cheval, revêtu de sa cuirasse. Dans son principal corps d’armée, Tsao ne comptait pas moins de deux cent mille hommes, campés sur divers points.

La lance au poing, Tchang-Fey galope en avant ; il examine les forces imposantes de Tsao, sa position sur les hauteurs, et se retire au plus vite. Dans les retranchements, le tambour résonne, fantassins et cavaliers s’agitent comme les flots de l’Océan et sortent en masse. À leur tête se précipite un général de première classe, qui s’écrie d’une voix terrible : « Qui es-tu ? ou vas-tu ? « Celui qui parlait ainsi, c’était Yu-Kin (son surnom Wen-Tsé, de Kiu-Ping dans le Tay-Chan) ; sans lui répondre,