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disaient : — Tous les hommes doivent mourir un jour ; mais ceux-là n’ont jamais réussi dans leur entreprise, qui violaient un serment ! — Ou j’obtiendrai le secours que je demande, ou je reviendrai seul près de vous. »

Là-dessus, il prit congé de Kong-Yong et de My-Tcho ; celui-ci fut chargé de porter une si heureuse nouvelle au gouverneur assiégé. Tandis que Kong-Yong passait en revue ses troupes, ralliées après la bataille, Tseu-Y se prosterna devant lui en disant : « Ainsi que l’ordonnait ma mère, je suis venu vous délivrer d’un grand péril. Aujourd’hui, par bonheur, vos inquiétudes sont dissipées. Le gouverneur de Yang-Tchéou, mon compatriote, Liéou-Yu, me rappelle par une lettre si pressante que je ne puis rester ici. J’espère que nous nous reverrons un jour. » Alors Tseu-Y, refusant l’argent et les étoffes précieuses que le gouverneur le sollicitait d’accepter, alla voir sa mère qui lui dit : « Je suis heureuse que tu aies acquitté la dette de la reconnaissance en sauvant la ville. » Et elle le pressa de partir.

Cependant Hiuen-Té était arrivé à Pé-Ty, près de Kong-Sun-Tsan ; celui-ci hésitait à lui fournir des troupes. « Tsao, disait-il, n’est point votre ennemi ; pourquoi embrasser la cause d’un étranger et tirer l’épée contre un ami ? — J’irai avec de bonnes paroles l’exhorter à déposer les armes. — Ah ! reprit Sun-Tsan, il est trop enorgueilli de sa puissance, ce Tsao, pour consentir à vous écouter. — Mais, c’est ce que j’ai promis à Kong-Yong, dit Hiuen-Té, oserais-je manquer à ma parole ? — Eh bien, prenez deux mille hommes, cavaliers et fantassins. — J’ai encore une chose à vous demander, c’est que le jeune héros Tseu-Long vienne avec ce renfort. — Prenez-le donc, dit Sun-Tsan. »

Hiuen-Té se mit à l’avant-garde avec ses deux frères adoptifs ; Tseu-Long commandait l’arrière-garde, formée par les deux mille auxiliaires ; la petite armée, ainsi établie, marcha vers Su-Tchéou.

Déjà My-Tcho, revenu près de Tao-Kien, lui avait annoncé l’arrivée de ces renforts ; d’un autre côté, Tchin-Teng vint dire