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tent la lance au poing et rompent les lignes ennemies. À la tête de toutes ses troupes, Hiuen-Té bat la charge et s’avance à son tour.

Du haut des remparts, Kong-Yong voit Tseu-Y qui entraîne les deux héros à la poursuite des rebelles, et arrive jusqu’au pied des murailles ; on eût dit des tigres se ruant au milieu d’un troupeau de brebis. Rien ne peut résister à leur attaque impétueuse. À son tour, le gouverneur ouvre les portes et fait une sortie avec tous ses cavaliers. Les Bonnets-Jaunes sont en pleine déroute, ils déposent les armes par milliers ; le reste se disperse.

Après cet exploit, Kong-Yong va au-devant de Hiuen-Té, le reçoit avec les plus grands égards, et célèbre son arrivée par un festin. Il conduisit près de son libérateur My-Tcho, qui lui raconta tout ce qu’on sait déjà de Tsao, le meurtre de son père et la vengeance qu’il voulait en tirer. « La ville de Su-Tchéou est assiégée, ajouta-t-il, je veux aller la secourir… — Je connais le gouverneur Tao-Kien, répondit Hiuen-Té, et je le tiens pour un mandarin plein d’humanité. Faut-il qu’il expie de la sorte un crime dont il n’est pas coupable ! — Hélas, dit Kong-Yong, vous êtes allié aux Han ; Tsao-Tsao est cruel, il opprime le peuple ; s’appuyant sur les forts, méprisant les faibles, il met le pied sur la gorge de ce pauvre gouverneur. Mon aïeul Confucius disait : Là où je vois la justice, je crois aussi trouver l’héroïsme… Seigneur, que ne vous joignez-vous à moi pour venir délivrer cette ville de Su-Tchéou ? »

Hiuen-Té ne refusait pas, seulement il comptait trop peu de soldats, trop peu de généraux pour tenter une pareille entreprise. « Tao-Kien est mon ancien ami, disait Yong, je veux lui envoyer des vivres et de l’argent, le secourir dans cet imminent péril. Vous, seigneur, qui êtes le héros de notre époque, balancerez-vous à servir une cause aussi juste ? — Partez le premier ; moi, j’emprunterai quelques milliers d’hommes à Kong-Sun-Tsan, et je marcherai sur vos traces. — Ne manquez pas à votre parole, dit Yong. — Manquer à ma parole, répondit Hiuen-Té, qui suis-je donc à vos yeux ? Les anciens