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Bonnets-Jaunes se sont soulevés ; la ville de Pé-Hay est assiégée ; Kong-Yong se trouve serré de près ; seul, ne sachant de qui attendre du secours, vivement attaqué jour et nuit, il a cru rencontrer dans un homme comme votre seigneurie, plein d’humanité et de justice, celui qui pourra et voudra le secourir dans un si pressant danger. Voilà ce qui l’a décidé à m’envoyer vers vous avec ce message. À la pointe de mon sabre, bravant mille morts, je me suis frayé un passage au milieu des assiégeants, et cela pour parler à votre seigneurie, et la supplier de prendre ma demande en considération.

— Kong-Yong a su qu’il y avait un Hiuen-Té au monde, répondit celui-ci avec gravité et vivement ému du discours de Tseu-Y. Aussitôt il ordonne à ses deux frères d’adoption, Yun-Tchang et Tchang-Fey, de réunir trois mille hommes d’élite pour marcher au secours de la ville menacée.

De son côté, le chef des rebelles, Kouan-Hay, instruit de l’approche de cette armée libératrice, voulut s’opposer à son passage avec ses meilleurs soldats qu’il rangea en bataille. Hiuen-Té n’avait pas des forces bien imposantes ; et, loin de le craindre, Kouan-Hay, bien armé, court au-devant de lui hors des lignes. À cette provocation répondent Tseu-Y et Hiuen-Té, ainsi que ses deux amis. « Brigand, rebelle à ton prince, renonce à tes desseins pervers, viens te soumettre, qu’attends-tu ? » Ainsi dit Hiuen-Té. À ces mots, le chef des Bonnets-Jaunes s’élance plein de rage ; Tseu-Y se précipite à sa rencontre ; mais derrière lui un cavalier de Kiay-Leang (dans le Pou-Tchéou) se jette en avant comme s’il eût eu des ailes ; en temps de paix, il lit le Tchun-Tsiéou, la chronique de Confucius ; à la guerre, il est armé du glaive recourbé comme la faux, c’est Yun-Tchang. Pendant le combat singulier qui s’engage entre lui et le chef des rebelles, les deux armées poussent de grands cris ; tels des moineaux et des hirondelles s’agitent dans l’espace, tels les chiens et les brebis courent à la rencontre du soleil ! Mais comment Kouan-Hay résisterait-il au héros qui l’attaque ? Après dix assauts, le glaive recourbé de Yun-Tchang a renversé de son cheval le chef des brigands. Tseu-Y et Tchang-Fey se précipi-