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telle sortie, les brigands sont en grand nombre. — Seigneur, répliqua Tseu-Y d’une voix suppliante, ma mère m’a envoyé vers vous pour acquitter sa dette de reconnaissance, et tant que je n’aurai pas fait lever le siége, je n’ose reparaître devant elle. Laissez-moi, de grâce, risquer ma vie, et tenter l’entreprise !

— Non loin d’ici, reprit le gouverneur, habite Liéou-Hiuen-Té. le héros de notre siècle ; si j’obtenais qu’il vînt à mon secours, ses forces, réunies aux nôtres, en opérant une double attaque au dedans et au dehors, contraindraient l’ennemi à se retirer. — Eh bien, donnez-moi une lettre pour lui, et à l’instant je cours… dit Tseu-Y. » La lettre fut bientôt écrite, et le jeune officier se chargea d’aller la porter.

Armé de pied en cap, la lance au poing, deux arcs au côté, lesté d’un bon repas, il entr’ouvre la porte de la ville et part au galop. Cent cavaliers du côté des rebelles s’acharnent aussitôt à sa poursuite ; plus de trente sont culbutés par le héros, les autres se retirent.

Tseu-Y s’est frayé une route au plus serré du camp ennemi, et déjà il a dépassé les lignes des assiégeants. « Un homme est sorti de la ville, il va demander des secours, pensa le chef des rebelles. » Il jette sur les pas de l’officier une centaine de cavaliers qui le cernent de toutes parts. Serré de près, celui-ci quitte sa lance, tire son arc de l’étui et décoche ses flèches sur tous les points de ce cercle d’ennemis qui le harcèlent ; ils tombent par centaines sous les traits qui les renversent ; tous reculent, et Tseu-Y s’est échappé. Sans se reposer, il fait route vers Ping-Youen, où commande Hiuen-Té. Cet illustre personnage accueille le message, salue l’envoyé, écoute les détails de sa mission, l’interroge sur ses noms, sur sa famille, comme aussi sur Kong-Yong, dont il a lu la lettre.

« Êtes-vous au service de Kong-Yong, êtes-vous de sa famille ? demanda Hiuen-Té. — Non, répliqua Tseu-Y, je ne suis ni son parent ni son compatriote ; sa réputation et sa bonté m’ont attaché à lui, voilà le seul lien qui existe entre nous. J’ai eu le désir de partager ses maux, de m’associer à ses périls. Les