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avec des armées. Trois victoires, rapidement obtenues, les rendent maîtres de la ville et des portes du palais. Le petit empereur, sommé par les rebelles de se montrer sur la terrasse, accepte les conditions qu’ils lui imposent, tout en croyant commander encore à ces bandes indisciplinées, avides de pillage. Les chefs de la sédition demandent la tête de celui qui a dirigé la conspiration contre Tong-Tcho ; ils saluent le prince par des cris de joie, lorsque ce vieux mandarin, qui a délivré une fois l’Empire et l’empereur, court de lui-même au-devant de la mort et se jette sur les piques des rebelles pour éviter à son faible maître la honte de le livrer.

La personne sacrée du souverain va devenir, entre les mains des deux généraux victorieux, un instrument inerte, une arme offensive dont ils se servent pour repousser les tentatives du dehors, un bouclier dont ils se couvrent quand le peuple et les grands menacent de se soulever. Tant qu’ils sont unis, les deux chefs, devenus ministres, triomphent des armées que de fidèles provinces envoient au secours du monarque ; mais bientôt la défiance, la jalousie, les divisent. L’un emmène le jeune prince hors de la capitale pour le soustraire à l’influence de son rival, l’autre fait prisonniers les mandarins et les grands dignitaires ; l’un s’assure du pouvoir, représenté par celui qui en est l’image vivante ; l’autre du corps vénéré d’où émanent les lois qui soutiennent le trône ; celui-ci a le sénat, celui-là l’empereur.

Cependant la lutte s’engage autour du monarque absolu, enfermé dans un char, presque mourant de faim, réduit bientôt à courir à pied dans la campagne, à se cacher dans une chaumière, à traverser les fleuves dans