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ses hôtes de la nouvelle expédition de Tsao et du serment fait par celui-ci de venger son père, quand on lui annonça l’arrivée de My-Tcho : « Cet ancien ami doit avoir une affaire importante à me communiquer, dit-il en le faisant entrer dans la salle du festin. » Là-dessus le mandarin, présentant la lettre à Kong-Yong, lui apprit le danger que courait la ville de Su-Tchéou, et le besoin qu’elle avait de son secours.

« Votre gouverneur a des droits à mon amitié, je dois le secourir, répondit Yong ; mais je n’ai non plus aucun motif d’inimitié contre Tsao ; laissez-moi chercher par une lettre à rétablir la paix ; si mes efforts sont vains, je suis prêt à envoyer mes troupes. — Tsao compte trop sur la force de ses armes pour céder à des motifs puisés dans la justice, répliqua My-Tcho. »

À peine la lettre était-elle écrite et l’entretien terminé, que se montrèrent tout à coup devant la ville cent mille Bonnets-Jaunes, commandés par Kouan-Hay.

Dans sa frayeur, Kong-Yong s’est porté hors des murs à leur rencontre avec ses troupes, et le chef des rebelles vient lui demander une contribution de cent mille boisseaux de grain, moyennant laquelle il se retirerait. « Votre ville, disait-il, regorge de provisions ; donnez, ou tous les habitants, sans distinction d’âge ni de sexe, seront passés au fil de l’épée. — Fidèle représentant de l’empereur, répondit Yong avec indignation, je garde la ville qu’il m’a confiée, et ce n’est pas aux bandits que se livrent les richesses de nos greniers ! » Les deux généraux s’attaquent ; le commandant de la cavalerie de Kong-Yong, le général Tsong-Pao, s’élance au-devant du rebelle, qui brandissait un grand sabre, et tombe bientôt en défendant son maître. Alors les troupes se replient en désordre vers la ville et les Bonnets-Jaunes, se séparant en plusieurs divisions sous les ordres de leur chef, l’assiègent de toutes parts. Kong-Yong avait le cœur navré de la mort de son lieutenant ; My-Tcho étouffait de rage et de douleur.

Du haut des murs, Kong-Yong regardait l’immense armée des Bonnets-Jaunes, et son chagrin redoublait encore, lorsqu’il aperçoit dans la campagne un homme qui, la lance au poing,