Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rité de son esprit, de bonne heure développé, il s’était attiré le respect général.

Voici ce qu’on raconte de lui : à l’âge de dix ans, il alla voir Ly-Yng, gouverneur de Ho-Nan. Celui-ci, qui portait un nom célèbre sous les Han, ne daignait pas recevoir d’ordinaire les visiteurs, à moins qu’ils ne fussent des gens distingués de l’époque, des descendants de familles anciennes et liées avec ses ancêtres ; dans ce cas, il les accueillait chez lui. Or, le jour que le jeune Kong-Yong se présenta à sa porte et déclina les noms de ses aïeux, amis de ceux du maître de la maison, le portier le fit entrer, et Ly-Yng lui demanda :

« Vos ancêtres et les miens étaient-ils amis ? — Mon aïeul Confucius et le chef de votre race Ly-Lao étaient égaux en vertus et en talents ; ils ont dû se donner mutuellement des leçons et avoir des liaisons ensemble. Ainsi, je puis dire que nos deux familles sont liées depuis des siècles. » Cette réponse si sage étonna beaucoup le gouverneur ; là-dessus Tching-Oey, l’un des grands du pays, conseiller impérial, étant arrivé, Ly-Yng lui montra le jeune Kong-Yong en disant : « Voilà un enfant d’un rare mérite. — Tant de perspicacité dans un âge si tendre, répondit le conseiller, n’annonce pas pour l’âge mûr un esprit supérieur. — Bien, répliqua Kong-Yong, d’après ce que dit votre seigneurie, elle n’était elle-même dans son enfance rien moins que spirituelle ! » Le conseiller et tous les assistants reprirent avec un sourire : « Cet enfant, avec l’âge, arrivera aux premiers emplois parmi les hommes de son temps. » Depuis lors, le descendant de Confucius acquit de la renommée ; il n’y avait pas de livre qu’il ne lût et ne comprît, et il n’eut pas d’égal dans tout l’Empire. Avec le temps, il devint un officier supérieur, et plus tard gouverneur militaire de Pé-Hay. Son plus grand plaisir était de recevoir les amis qui venaient le visiter, et il avait coutume de dire : « Que ma maison soit toujours pleine d’honnêtes convives, que la coupe de l’hospitalité ne soit jamais vide, tel est mon vœu ! »

Depuis six ans, il gouvernait le Pé-Hay, et on l’aimait beaucoup dans sa province. Ce jour-là même, il s’entretenait avec