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resse. — Quoi, s’écria My-Tcho, vous êtes un esprit ! — Je suis l’esprit qui préside au feu dans la partie du sud. » Et comme My-Tcho s’inclinait pour lui témoigner un respect voisin de l’adoration, l’être surnaturel reprit : « Le ciel l’a ordonné, je ne puis m’empêcher d’incendier votre maison ; mais allez vite, courez, sauvez vos effets les plus précieux, car cette nuit j’obéirai aux volontés d’en haut ! » Ce même jour, le feu prit par hasard dans la cuisine de son hôtel ; l’édifice entier fut consumé[1].

Depuis lors My-Tcho se plaisait à secourir les pauvres, à soulager les malheureux, à sauver et à aider ceux qui se trouvaient dans des circonstances difficiles ou périlleuses. Plus tard, Tao-Kien, le gouverneur de la province, le nomma à l’emploi d’assesseur. Dans ce moment critique My-Tcho, pour venir en aide au vieillard, se chargea d’aller implorer le secours de Kong-Yong, dans le Pé-Hay ; en même temps un courrier irait solliciter l’appui de Tien-Kay, dans le Tsing-Tchéou. Ce double renfort, attaquant Tsao sur deux points, le forcerait à lever le siége.

L’avis fut adopté, les deux lettres écrites ; le conseiller militaire Tchin-Teng (son surnom Youen-Long) se chargea de la mission dans le Tsing-Tchéou, tandis que My-Tcho se rendrait dans le Pé-Hay. Ils partirent donc chacun de son côté ; ce dernier se mit en route peu après Tchin-Teng, et Tao-Kien, entouré de ses troupes, garda bien les murailles en attendant que l’arrivée des renforts lui offrît l’occasion de tenter la double attaque. D’un autre côté Tsao, comptant sur ses forces, serrait déjà le siége de très-près. Ce général avait même élevé autour de la ville un mur de terre pour la réduire peu à peu.

Le gouverneur de Pé-Hay, Kong-Yong (son surnom Wen-Kuu), était originaire de Kio-Fou, au pays de Lou, comme Confucius, son aïeul à la vingtième génération[2]. Par la supério-

  1. Ce petit conte, où se trahit l’esprit de la secte des Tao-Ssé, semble emprunté aux livres des Récompenses et des Peines.
  2. Il était fils de Kong-Tchéou, inspecteur-général des travaux publics dans les monts Tay-Chan.