LIVRE TROISIÈME
CHAPITRE PREMIER.
I.[1]
[Année 194 de J.-C.] Celui qui ouvrait cet avis, c’était My-Tcho (son surnom Tseu-Tchong) ; il appartenait à une famille puissamment riche (de la ville de Kiu-Hien, dans le Tong-Hay), qui comptait bien dix mille serviteurs. Cet homme étant allé faire du commerce à la capitale s’en retournait sur son char, quand près de lui, dans le chemin, se présenta une femme très-jolie, qui lui demanda une place à ses côtés. Aussitôt My-Tcho descendit pour céder son siége à la femme inconnue ; mais celle-ci le supplia de s’asseoir près d’elle, et cet homme vertueux, remonté à sa place, n’osa fixer les yeux sur sa compagne de voyage ; il se garda bien de lui adresser aucun propos frivole. À quelque distance de là, cette personne étrangère dit à My-Tcho, au moment de le quitter : « Je suis une envoyée céleste ; par ordre du maître du ciel, je vais mettre le feu à votre maison[2]. Mais votre conduite pleine d’égards m’a touchée, et je vous donne secrètement cet avis qui vous inté-