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franchir la clôture, et tous deux ils sont massacrée dans le couvent même où ils cherchaient à se cacher. L’officier envoyé par Tsao pour chercher son père[1] parvint à sortir du monastère avec une dizaine d’hommes ; et, n’osant reparaître devant son maître, alla se rallier à Youen-Chao, l’ancien chef de la confédération ; tandis que Tchang, après avoir accompli son crime, pillé les chars et incendié le couvent, se retirait avec ses cinq cents soldats dans le Hoay-Nan[2].

Quelques-uns d’entre les cavaliers de Yng purent se sauver jusque auprès de Tsao-Tsao, et ils lui portèrent la nouvelle de la destruction de sa famille ; la douleur du héros fut si grande qu’il en tomba par terre sans connaissance. Heou-Tun le releva : « Ce sont les gens de Tao-Kien et non des voleurs qui ont commis ce crime, lui dit-il, il faut lancer contre lui des troupes qui aillent le punir ! » Et Tsao, grinçant des dents, jurait de venger le vieillard, dût-il être obligé d’escalader le ciel et de fouiller les entrailles de la terre. « Ma grande armée, s’écria-t-il, donnez-moi ma grande armée, et je vais ravager le Su-Tchéou de telle sorte qu’il n’y reste ni un arbre ni un brin d’herbe ; j’en fais le vœu !… »

Et laissant trente mille hommes à ses lieutenants, Sun-Yo et Tching-Yo, pour garder les trois villes de Youen-Tching, Fan-Hien et Tong-Ho, il partit avec le reste de ses troupes. L’avant-garde était commandée par Heou-Youen, Yu-Kin et le colosse Tien-Wei. « Allez, leur dit-il, rendez-vous maîtres de la ville, massacrez, égorgez-en toute la population pour laver dans le sang l’affront qu’ils m’ont fait en assassinant mon père ! »

Cependant Tchin-Kong[3], intime ami de Tao-Kien, commandait la ville de Tong-Kiun. Instruit de la vengeance terrible que méditait Tsao, il courut lui-même en toute hâte au-devant du général irrité, qui, ayant jadis reçu de lui des bienfaits, l’admit dans sa tente, mais sans le faire asseoir. Tchin lui expli-

  1. Il se nommait Yng-Chao.
  2. On se rappelle les meurtres commis par Tsao dans sa fuite ; la mort de son père semble être dans la pensée du narrateur chinois une punition de ces crimes.
  3. Ce même mandarin qui ayant relâché Tsao, son prisonnier, l’avait escorté dans sa fuite jusqu’à ce que l’assassinat de la famille de Pa-Ché l’eut engagé à se séparer de lui.