Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est un esprit, s’écria Tsao ; je le vois, il faut un grade à un pareil héros, rien ne peut résister à une telle force. » Devant sa tente, il y avait une lourde bannière, roulée et attachée par des cordes de soie en haut et en bas, et dont un homme très-grand tenait le bâton à deux mains ; à ce moment le vent soufflait avec force, et l’étendard pliait comme s’il eût été prêt à tomber. Tien-Wei fit reculer toute l’armée, déploya la bannière, et d’une main il la maintint immobile et droite malgré la violence du vent. « Voilà une vigueur égale à celle de Ngo-Lay, si célèbre du temps de Tchéou, dit Tsao tout surpris ; » et il choisit cet athlétique soldat pour chef de ses gardes ; puis il se dépouilla de sa propre tunique blanche, de fine soie bien brodée, pour la lui donner ; à ce présent il ajouta un bon cheval et la selle couverte d’ornements sculptés.

Ainsi de jour en jour croissait dans le Chan-Tong l’influence de Tsao-Tsao ; il avait près de lui de très-habiles conseillers, de très-braves mandarins militaires ; tous ils se pressaient autour de leur chef pour l’aider et le servir[1].

Maître d’une si grande armée, Tsao la réunit dans un camp formé à Yen-Tchéou, et lorsque tous ses préparatifs furent complétés, il envoya Yng-Chao (gouverneur militaire du Tay-Chan) chercher son père, Tsao-Song, à Lang-Youe, où il s’était réfugié et caché en quittant Tchin-Liéou son pays, par suite des troubles. Le vieillard voulut amener avec lui son jeune frère Tsao-Té et sa famille qui se composait de quarante personnes ; accompagné d’une centaine d’hommes attachés à son service, suivi d’une troupe de chevaux et de mules, il s’achemina bien vite vers la ville de Yen-Tchéou. Le commandant militaire de Su-Tchéou, Tao-Kien (son surnom Kong-Tsou), dont il traversa le territoire, homme plein de probité et de candeur,

  1. Ainsi ses conseillers militaires étaient Son-Yo et Sun-Yeou, Tching-Yo, Kouo-Kia ; d’autres aussi remarquables dans les lettres que dans l’art de la guerre : Lieou-Hié, Mao-Kiay, Man-Tchong, Liu-Hien, Yo-Tsin, Ly-Tien. Pour généraux il avait : Hia-Heou-Tun et son frère Hia-Heou-Youen, Tsao-Jin, Yu-Kin, Tien-Wei, tous gens de sa province et beaucoup d’autres qu’il serait trop long de nommer ici. Il comptait trois cent mille hommes de bonnes troupes du Tsing-Tchéou, anciens rebelles vaincus et soumis. Un homme du Ho-Man, Jin-Sun, était chargé de la solde et de l’entretien de l’armée.