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emplois dans les affaires militaires, sur leur bonne renommée ; Mao-Kiay (surnommé Hiao-Tsien) fut présenté aussi par eux ; ancien officier de Liéou-Piéou, chargé d’arrêter Sun-Kien dans sa fuite, il avait quitté ce chef sans talent pour se réfugier à Lou-Yang ; un grade dans l’armée récompensa son zèle. Après lui, Yu-Kin (surnommé Wen-Tsé) amena une centaine de soldats. Frappé de son allure martiale, de la facilité avec laquelle il maniait l’arc et montait à cheval, Tsao le fit commandant de cavalerie, et chaque jour il apprécia davantage ses capacités. Hia-Heou-Tun (de l’ancienne confédération) lui présenta aussi un général qui vint demander à le saluer ; les cérémonieuses politesses une fois achevées, Tsao et sa petite cour restèrent stupéfaits de la terrible figure du nouveau venu, de sa stature robuste et athlétique. C’était Tien-Wei ; dans une dispute avec les gardes du général Tchang-Liao, il avait tué dix de ceux-ci ; cette action violente le força de fuir dans les montagnes. Heou-Tun découvrit cet homme étrange dans une chasse, au moment où celui-ci poursuivait un tigre en traversant une rivière ; il le questionna, lui demanda ses noms, et le garda sous ses drapeaux pendant longtemps. Au moment où Tsao accueillait les hommes supérieurs qu’on lui recommandait, il s’empressait à son tour de lui présenter ce colosse. En le voyant, Tsao avoua qu’un pareil homme était chose rare, et que ce devait être un héros. — « Dans sa jeunesse, dit alors Heou-Tun, il avait juré de tuer toute une famille pour venger un de ses amis, de la race des Liéou ; il tint sa parole, promena les têtes en pleine rue, et des centaines de gens qui se trouvaient là n’osèrent le regarder de près. Au combat, son arme est une lance faite de deux solides tiges de fer, du poids énorme de quatre-vingts livres ; il l’appuie sur son avant-bras, se précipite au galop avec cette masse qui ne pèse rien pour lui, et renverse tout ce qui se présente, comme s’il avait des fantômes à attaquer. »

Ceci paraissait incroyable ; et Tsao voulut qu’il maniât son arme en sa présence. Ferme sur sa selle, Tien-Wei la faisait voltiger avec la plus extrême légèreté. « Ce n’est pas un homme,