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tout sentiment d’orgueil, à répandre partout ses libéralités. Un jour il dit à Tsao : « J’ai entendu parler d’un véritable sage, qui valait dix fois mieux que moi, qui vivait près de Liéou-Tay ; mais, depuis la mort de celui-ci, où est-il allé ? C’était un homme du Tong-Ho, dans le Tong-Kiun, à la taille colossale, à la barbe longue, aux gracieux sourcils, aux yeux brillants ; on l’appelait Tching-Yo (son surnom Tchong-Té). »

« Depuis longtemps je le connais de réputation, répliqua Tsao. » Et des courriers envoyés aussitôt dans le pays de cet homme apprirent qu’il était retiré dans la montagne pour s’y livrer à l’étude. Tchong-Yo répondit à l’appel de Tsao, qui le reçut avec une bien grande joie. « En vérité, dit-il à Sun-Yo, il ne convient guère à un pauvre lettré sans talent comme moi de recommander à un illustre seigneur comme vous les gens de mérite. Cependant permettez-moi de vous donner un avis : dans votre province même il y a un homme très-distingué ; pourquoi ne pas l’envoyer chercher, afin qu’il prête aussi son secours à notre chef ! C’est Kouo-Kia (son surnom Fong-Hiao), il est né à Yang-Sy, dans le Yng-Tchouen. — Je l’avais oublié, répondit Sun-Yo ; bien vite je vais recommander à Tsao de l’appeler à la ville pour conférer avec lui sur les affaires de l’État. »

« Si quelqu’un me porte à faire de grandes choses, dit Tsao en le voyant, ce sera vous ! — Je suis à vos ordres, répondit Kouo en s’inclinant ; » et à son tour il recommanda un descendant de l’empereur Hwang-Wou, Liéou-Hié (surnommé Tseu-Yang). C’était un homme sage, habile et intègre, capable de s’asseoir parmi les mandarins civils et militaires ; à l’âge de treize ans, il avait juré à sa mère d’immoler un de ses ennemis sur sa tombe, et il avait tenu son serment. Sept ans plus tard, au milieu d’un festin, un homme redouté de tous par ses violences était tombé sous ses coups ; ces exploits avaient fait connaître dans tout l’Empire le nom de Liéou-Hié.

Son arrivée causa une grande joie à Tsao. Il recommanda à son tour Man-Tchong (surnommé Pé-Ning), ainsi que Lou-Kien (surnommé Tseu-Ko). À tous les deux, Tsao donna des