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garde. Partout où il portait ses pas, il n’y avait personne qui ne le reçût à bras ouverts. En moins de trois mois, il eut discipliné ces rebelles soumis, au nombre de trois cent mille ; avec leurs femmes et leurs enfants, ils formaient une population immense, parmi laquelle Tsao choisit et enrôla les jeunes gens : ce fut là l’année du Tsing-Tchéou. Chaque famille de cette colonie militaire eut des terres à cultiver.

Depuis lors, l’autorité de Tsao ne fit qu’accroître chaque jour ; de tous côtés, les gens distingués se rallièrent autour de lui.

[Année 194 de J.-C.] On était à la fin de la troisième année du règne de Hien-Ty lorsque Ly-Kio, en réponse à la lettre que lui adressait Tsao pour lui annoncer ses succès, envoya à celui-ci le titre de général en chef des provinces orientales.

Toujours retiré à Yen-Tchéou, Tsao remercia le ministre de cette faveur ; il continua à attirer autour de lui et à placer dans les emplois les gens vertueux et instruits. Deux hommes remarquables vinrent grossir son parti, c’étaient l’oncle et le neveu ; le premier, nommé Sun-Yo (son surnom Wen-Jo), avait la réputation d’être assez habile pour prendre rang parmi les ministres. À l’âge de vingt-huit ans, il s’était rallié à la cause représentée par Youen-Chao, celle de la légitimité. Mais, convaincu de l’incapacité de ce chef, il s’était rapproché de Tsao. Ce grand homme, dès la première rencontre, s’entretint avec lui sur les livres traitant de l’art militaire, sur les ruses de guerre, sur les grandes affaires du temps ; charmé de sa conversation, il résolut d’en faire son conseiller intime, et le nomma général de cavalerie. Le neveu devint célèbre durant les dernières années des Han ; Ho-Tsin (assassiné par les eunuques) l’ayant nommé d’abord membre du grand conseil, il se retira dans ses terres dès le commencement de l’usurpation de Tong-Tcho. Cette fois, il passa à Tsao, qui le nomma ordonnateur de l’armée ; il s’appelait Sun-Yeou, son surnom Kong-Ta.

En campagne, ces deux hommes discutaient sans cesse avec Tsao-Tsao sur la morale et la justice ; Sun-Yo l’encourageait à appeler auprès de lui les lettrés et les sages, à mettre de côté