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Tchang-Tsy, sous prétexte de les féliciter de leurs succès ; puis, au milieu du festin, il n’y avait qu’à les prendre et à les faire décapiter. L’avis plut beaucoup à Ly-Kio, et il le suivit en tous points. Les deux convives arrivèrent gaiement, et au milieu du repas Ly-Kio dit : « J’ai une lettre de Han-Souy qui prétend que Tchéou a voulu trahir, car pourquoi ne l’a-t-il pas fait prisonnier ? » Pâle et tremblant, Tchéou n’avait pas eu le temps d’articuler un mot d’excuses quand il fut saisi par une troupe d’hommes armés, et sa tête roula aux pieds des assistants. Tchang-Tsy s’était prosterné à terre ; Ly-Kio le releva : « Celui que je viens de punir était un traître, lui dit-il ; mais vous, dévoué et fidèle, qu’avez-vous à craindre ? » Là-dessus, il lui donna le commandement des troupes du général mis à mort. Ravi de cet avancement inattendu, Tchang-Tsy retourna à Hong-Nong, d’où il était venu ; le conseiller militaire Kia-Hu fut élevé au rang de président des six cours suprêmes et d’intendant du palais[1].

Après cette défaite des troupes du Sy-Liang, aucun des grands n’osa se soulever. Kia-Hu conseilla aux deux chefs devenus si puissants de se concilier les gens de bien par une conduite humaine et équitable. Les deux généraux se rangèrent à son avis ; dès lors les mandarins respirèrent, le jeune empereur commença à jouir de quelque tranquillité. Des Bonnets-Jaunes reparurent dans le Tsing-Tchéou par troupes désordonnées ; le vice-roi de Yen-Tchéou, Liéou-Tay, fut mis à mort par eux ; ils exerçaient mille cruautés sur la population paisible et honnête. Le général Tchu-Tsuen protesta qu’un seul homme était capable de les exterminer. « Hélas ! disaient Ly-Kio et Kouo-Ssé, dans ce pays menacé, il nous faut un héros, sinon tout est perdu ! Voilà les Bonnets-Jaunes en ébullition, qui pourra les calmer ? »

  1. Kia-Hu (son surnom Wen-Ho), était de Kou-Tsang dans le Ou-Hoey ; dans la suite il eut un emploi à la cour des Wei.