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selle et l’aborde. Tous les deux bien armés, ils s’attaquent à plusieurs reprises ; bientôt Wang est renversé par Ma-Tchao, qui retourne victorieux vers les siens. Ly-Mong, furieux de la chute de son collègue, se précipite sur les pas du vainqueur, qui l’aperçoit et ralentit sa course à dessein. « Mon fils, crie Ma-Teng, un homme se glisse sur tes pas, le vois-tu ? » Et il parlait encore que la lance de Ly-Mong était près d’atteindre Ma-Tchao ; mais celui-ci a esquivé le coup par un mouvement de la tête, il s’est retourné, tandis que le fer ne perçait plus que l’espace, assez à temps pour faire prisonnier celui qui le menaçait. Désormais privés de leur chef, les soldats de Ly-Mong prennent la fuite ; Han-Souy les disperse en semant la mort au milieu d’eux, puis il fait sauter la tête du captif. Après ce brillant combat, où le jeune Tchao avait remporté la victoire, les troupes de Sy-Liang, animées par le succès, s’en allèrent bravement camper à l’entrée des gorges de la montagne.

Déjà Ly-Kio et Kouo-Ssé, instruits de la défaite et de la mort de leurs deux lieutenants, reconnaissaient la vérité des prédictions de Kia-Hu, ils suivirent donc ses conseils avec la plus grande exactitude, résolus à se tenir fermes à l’entrée du défilé, et restèrent dans leurs retranchements sans répondre aux provocations du vainqueur. En moins de deux mois, les troupes du Sy-Liang, ayant épuisé vivres et fourrages, ne songeaient plus qu’à se retirer.

Alors un serviteur de Ma-Yu, l’un des trois conjurés qui avaient appelé l’armée du Sy-Liang, vint dénoncer son maître et ses amis aux deux généraux. Ly-Kio et Kouo-Ssé, animés contre eux, firent décapiter au milieu du marché Ma-Yu et ses deux complices, avec tout ce qui se trouvait dans leurs maisons, enfants et vieillards ; puis ils envoyèrent accrocher les trois têtes devant le camp de Han-Souy et de Ma-Teng. Ceux-ci, manquant de vivres et voyant qu’ils étaient trahis dans la ville, pensèrent que le mieux était de se retirer au plus vite avec tout leur monde. Mais chacun d’eux fut, dans sa retraite, harcelé par une division de l’armée ennemie ; et Ma-Teng, pour aller plus vite, s’étant avancé trop loin avec son avant-garde, ce qui restait de troupes