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hommes de bonnes troupes ; ils promettaient d’apporter au pied de l’étendard la tête des deux généraux. « Si vous attaquez, vous serez certainement battus, dit Kia-Hu. — Si nous sommes battus, s’écrièrent-ils, nous donnons nos têtes à couper. — Et moi, si vous êtes victorieux, reprit Kia-Hu, je donne la mienne en échange des vôtres ! » La gageure fut établie d’après la loi militaire. Le conseiller proposa encore de rassembler les troupes à vingt milles à l’ouest de la capitale, à Tchéou-Ky, lieu entouré de montagnes difficiles à franchir et de routes escarpées. Les deux généraux, si empressés de combattre, rangeraient leurs soldats à l’entrée du défilé et recevraient de la capitale les provisions et l’argent dont leur armée aurait besoin.

Enchantés de cette idée, Ly-Kio et Kouo-Ssé mirent sous les ordres de Mong et de Fang quinze mille hommes, avec lesquels ceux-ci marchèrent gaiement au-devant de l’ennemi. À vingt-huit milles de la ville, ils établirent un grand camp devant lequel se présentèrent bientôt les troupes de Sy-Liang, qu’ils s’empressèrent d’attaquer. Elles barraient le chemin en déployant un front formidable ; leurs chefs, Ma-Teng et Han-Souy s’élancèrent au galop au-devant des lignes. Wang et Mong, du pied de la bannière, provoquaient leurs adversaires par des injures : « Qui êtes-vous donc pour venir ainsi attaquer les officiers de Sa Majesté ? — Rebelle à ton prince, oses-tu bien prononcer ces paroles dignes d’un traître ? Qui de vous va me saisir l’insolent ? » Ainsi répliqua Ma-Teng, le général des armées du Sy-Liang, et déjà un jeune officier sort précipitamment du milieu des bataillons ; sa figure est pareille au jade poli, ses yeux brillent comme l’étoile scintillante, il a les membres souples du tigre et les longs bras du singe, la taille élancée de la panthère, le ventre maigre du loup ; né dans le pays de Fou-Fong, à Meou-Ling, il se nomme Ma-Tchao ; âgé de dix-sept ans à peine, il manie une longue lance et se précipite en avant ; ce héros est le fils de Ma-Teng lui-même. Dès que Wang a vu le jeune guerrier qui sort impétueusement des lignes, monté sur un cheval rapide, il s’élance à sa rencontre, plein de mépris pour un si jeune adversaire ; il tient sa lance en travers sur la