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leurs ordres était décapité. Le jeune prince coulait donc des jours qui lui semblaient longs comme des années. Tous les mandarins de la cour étaient, bon gré mal gré, à la merci de Ly-Kio et de Kouo-Ssé. Dans ce même temps, ces deux généraux ayant appelé près d’eux l’ancien commandant vainqueur des Bonnets-Jaunes, Tchu-Tsuen, en firent l’intendant supérieur du palais, et avec son aide ils administrèrent les affaires de l’État.

Un jour arriva la nouvelle qu’un corps de cent mille hommes marchait rapidement sur la capitale par la route de l’ouest ; les lances et les sabres bien aiguisés reluisaient comme le givre ; on voyait flotter des bannières aux couleurs étincelantes. Les deux tyrans devinèrent que ce devait être Ma-Teng (son surnom Chéou-Tching, descendant de Ma-Youen, ancien général), gouverneur militaire de Sy-Liang. Le vice-roi du Ping-Tchéou, Han-Souy, s’était joint à lui, et tous deux ils venaient, avec leurs armées combinées, châtier les rebelles. Déjà ils avaient entretenu des intelligences dans la ville avec trois personnages distingués : le membre du grand conseil, Ma-Yu, le moniteur impérial, Tchong-Chao, et le commandant en second de l’armée de la droite, Liéou-Fan ; ces trois loyaux mandarins conspiraient la perte des deux généraux, et comme ils s’étaient empressés d’avertir l’empereur de leur conjuration, celui-ci avait secrètement nommé commandants de provinces les deux chefs qui marchaient pour le délivrer, Ma-Teng et Han-Souy, en leur accordant l’autorisation de détruire les ennemis du trône.

« Quoi faire ? » se demandaient les rebelles, et ils ne savaient quel parti prendre ; mais l’un des conseillers militaires, Kia-Hu, leur fit observer que l’ennemi venant de loin devait avoir intérêt à combattre à l’instant même ; le mieux était donc de se retrancher au fond des gorges, dans les montagnes, et de s’y tenir sur la défensive ; en moins de cent jours les vivres manqueraient aux troupes de Sy-Liang, et elles se retireraient d’elles-mêmes ; alors, en les attaquant par derrière, on serait sûr de prendre les chefs.

Deux des lieutenants de Ly-Kio, Ly-Mong et Wang-Fang, méprisant cette tactique, demandèrent à marcher avec dix mille