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par la prolongation d’une guerre qu’ils croyaient finie, sont ébranlés dans leur résolution. Au premier jour de repos, la mésintelligence divise ces chefs, qu’un enthousiasme passager avait réunis. Tandis que Tong-Tcho s’établit à Tchang-Ngan, prend le titre de régent, exerce des cruautés inouïes, règne en despote, se prépare une place de refuge en cas de revers, et y accumule les fruits de ses déprédations ; les confédérés cherchent à s’emparer chacun d’une province pour s’y déclarer indépendants. La Chine semble destinée à redevenir ce qu’elle était avant les Tçin ; bientôt, toute cette partie de l’Empire que le régent abandonnait à ses adversaires fut le théâtre des guerres que ceux-ci se firent les uns aux autres, guerres désastreuses qui devaient aboutir au partage momentané du territoire chinois en trois royaumes. Dès ce moment, il y a scission entre la nouvelle capitale et les provinces ; ce sont deux histoires qui marchent parallèlement ; ici la lutte des grands redevenus princes, là les intrigues de la cour et les monstruosités du régent.

Arrivé au faîte du pouvoir, Tong-Tcho fait assassiner le jeune souverain et l’impératrice-mère, qu’il avait relégués dans un palais. Il se plaît à disposer du trône, à faire et à défaire des empereurs ; tout tremble devant lui. Ce monstre surpasse en folles cruautés les tyrans qui ont affligé la Chine avant lui, jusqu’à ce qu’il périsse assassiné, non point dans une émeute populaire, non de la main d’un des chefs confédérés, mais par suite d’un complot, dont une jeune femme est l’âme et l’instrument docile. Cet épisode est l’un des plus beaux morceaux de la littérature chinoise ; M. Stanislas Julien a extrait du roman cette précieuse page, pour l’encadrer