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chefs rebelles l’égorgèrent au pied du pavillon. Dix personnes de sa famille furent décapitées en plein marché. Tous ceux qui connaissaient Wang-Yun, jeunes et vieux, le pleurèrent dans Tchang-Ngan.


III.[1]


Les deux chefs des rebelles étaient d’avis de tuer l’empereur et de s’emparer de l’héritage des Han ; à quoi bon attendre quand l’occasion était si belle ! Ils pénétrèrent donc plus avant dans le palais, le sabre en main. « N’en faites rien, disaient les deux autres chefs, Tchang-Tsy et Fan-Tchéou ; si vous tuez l’empereur, aucun des grands vassaux ne se soumettra à vous, tandis que si vous le laissez sur le trône, tous les grands reparaîtront à la capitale ; nous retrancherons d’abord ces dignitaires qui sont les membres du souverain, puis nous nous déferons de l’empereur lui-même ; alors, il en sera temps, nous nous emparerons à loisir de toute l’autorité ! »

Ly-Kio et Kouo-Ssé adoptèrent ce conseil ; ils firent camper leurs soldats et les laissèrent se livrer à tous les excès. Du haut de la galerie, le jeune prince disait aux deux chefs : « Puisque Wang-Yun a reçu son châtiment, pourquoi ne pas faire retirer vos troupes ? — C’est que, répondirent les rebelles, si nous sommes vengés, vous n’avez pas encore fait les conditions de paix avec nous.

— Eh bien, quelles sont-elles ? reprit l’empereur. — Nous avons combattu pour le salut de la dynastie, et nous n’avons reçu ni argent ni principautés pour récompense ! — Exposez-moi vos demandes, répondit le jeune prince, et je vous les accorderai. » Ils écrivirent donc, en forme de requête, la liste des grades qu’ils exigeaient et la présentèrent au palais ; comme déjà, par la force, ils s’en trouvaient investis, l’empereur consentit à tout. Il nomma même Ly-Kio général d’un corps de

  1. Vol. I, liv. II, chap. IX, p. 115 du texte chinois.