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Tchéou-Houan, périrent l’un et l’autre en défendant l’État, ainsi que le chef de la garnison et le général de cavalerie Tsouy-Lie et Wang-Ky.

Déjà les rebelles avaient enveloppé le palais et menaçaient la partie intérieure ; les grands de service auprès du jeune souverain le prièrent de se montrer au-dessus du portail (dit Hiuen-Ping). À la vue du parasol jaune, Ly-Kio et les siens firent entendre les cris de vive l’empereur !… Et le petit prince, appuyé sur le balcon, demanda à ses mandarins que voulaient tous ces gens. « Je ne les ai point appelés ; que veulent-ils donc qu’ils font entrer tout à coup tant de troupes dans la capitale ? — Sire, répondirent Ly-Kio et Kouo-Ssé en levant la tête vers le balcon, le ministre de Votre Majesté, Tong-Tcho, a péri victime des intrigues ourdies par Wang-Yun, et nous venons tout exprès venger sa mort ! nous ne sommes pas des rebelles, Sire ; dès qu’on nous aura livré le meurtrier, nous nous retirerons avec nos troupes. »

Wang-Yun était auprès de l’empereur ; en entendant ces paroles terribles, il dit à son maître : « Sire, votre sujet n’avait d’autre but que de sauver la dynastie ; puisque les choses ont ainsi tourné, il ne faut pas, par amitié pour lui, causer vous-même votre ruine. Permettez à votre sujet de descendre, de se montrer de plus près aux deux chefs de ces bandits, afin qu’il détourne de Votre Majesté les maux qui la menacent ! »

Le jeune prince hésitait, il se refusait à permettre le sacrifice ; mais Wang-Yun s’était déjà précipité en bas de la galerie régnant au-dessus de la porte, et il s’écria à haute voix : « Me voici ! » Ly-Kio se jeta au-devant de lui le sabre à la main, en disant : « Quel crime avait commis Tong-Tcho pour que tu le fisses périr ? — Ses crimes, répondit Wang-Yun avec calme, remplissaient le ciel et couvraient la terre, il a fallu parler enfin ! Au jour de la vengeance, tout le peuple de la capitale a fait éclater sa joie ; est-ce une preuve qu’il fut innocent ?

— « Si Tong-Tcho était coupable, reprit à son tour Kouo-Ssé bouillant de colère, qu’avions-nous fait nous autres pour que tu refusasses de nous amnistier ? » Et là-dessus les deux