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il galope jusque sous les murs de la capitale ; les deux corps des rebelles cernaient déjà les fossés ; il les attaque mais sans succès, car les soldats n’obéissent qu’avec répugnance à un chef si barbare, et beaucoup d’entre eux déposent les armes.

Liu-Pou était dévoré de chagrin : après quelques jours, deux des principaux partisans de Tong-Tcho, restés dans les murs (c’étaient Ly-Mong et Wang-Fang), entrèrent en rapport avec les assiégeants et leur ouvrirent les portes. Cette quadruple armée de brigands se précipita à la fois dans la capitale ; bien qu’il attaquât à droite et fît des trouées à gauche, Liu-Pou ne put arrêter les rebelles. Alors avec une centaine de cavaliers il vint se présenter au pied d’une des portes sur laquelle se tenait Wang-Yun et lui cria : « Nous sommes perdus, montez à cheval, emmenez votre famille et venez avec moi hors des passages ; nous y chercherons quelque moyen de réparer nos pertes. — Non, répondit Wang-Yun, si l’âme de l’État passait en moi et que je pusse maintenir la dynastie sur un trône tranquille, j’accepterais vos offres et fuirais avec vous ; mais si je ne puis accomplir cette grande entreprise au moins me sacrifierai-je jusqu’à la mort. Fuir au moment du danger, telle n’est pas la conduite qui me convient. Saluez pour moi tous les grands qui sont à l’est des passages ; et dites-leur de ma part qu’ils se dévouent à la cause des empereurs ! »

Liu-Pou exhortait toujours le mandarin à quitter la ville, et Wang-Yun refusait opiniâtrement, quand tout à coup, aux quatre portes, se déclare un immense incendie. Réduit à abandonner sa famille et tous les siens, Liu-Pou s’en alla avec ses quelques cavaliers, par-delà les passages, se jeter dans le camp de Youen-Chu.

Cependant les deux principaux chefs des insurgés, Ly-Kio et Kouo-Ssé, laissaient leurs soldats brûler la ville, piller les maisons, massacrer les habitants et se livrer à mille désordres. Tchong-Fo, l’un des mandarins du palais, voulut faire une sortie avec les gens de sa suite, mais il tomba bientôt percé de traits à l’une des portes latérales du palais du sud. Un des grands officiers et le maître des cérémonies, Lo-Kouey et