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j’y consens ; mais pour le peuple seulement, et qu’on ne reçoive les propositions d’aucun général de ces bandes armées ! » Ly-Kio apprit cette réponse : « Puisqu’on ne reçoit pas notre soumission, dit-il, fuyons pour éviter la mort — Non, interrompit , un de ses conseillers militaires, nommé Kia-Hu, si vous quittez les troupes pour fuir seul, le premier chef de village aura assez de puissance pour vous arrêter ; marchons plutôt sur la capitale avec les forces réunies dans cette province, et faisons le serment de venger Tong-Tcho. Si nous réussissons, nous gouvernerons l’Empire au nom du jeune prince, captif entre nos mains ; si nous sommes vaincus, alors il sera temps de se sauver ! »

Ly-Kio adopta cet avis et fit circuler dans le Sy-Liang la fausse nouvelle que Wang-Yun voulait exterminer tout le peuple de la province. Ce bruit s’accrédita, et en moins de quinze jours il y eut cent mille hommes rassemblés sous les ordres de Ly-Kio, qui les divisa en quatre corps. Sur la route de la capitale qu’ils allaient saccager, les rebelles furent rejoints par le général Niéou-Fou, gendre de Tong-Tcho ; il amenait cinq mille hommes et voulait aussi venger l’assassinat du régent son beau-père. Ly-Kio lui donna l’avant-garde à commander. Derrière ce premier corps marchaient l’une après l’autre les quatre grandes divisions.

Inquiet de cette levée de boucliers dans le Sy-Liang, Wang-Yun consulta Liu-Pou ; celui-ci le rassura : « Ce n’était qu’un vil ramassis sans importance malgré le nombre ; il allait marcher à leur rencontre avec Ly-Sou qui, lui-même, se chargeait de les battre tout d’abord. » Les troupes furent donc mises en mouvement par ordre de Liu-Pou ; Ly-Sou partit en avant-garde et se trouva en face du corps d’attaque commandé par Niéou-Fou. Celui-ci recula ; puis, au milieu de la nuit, ses soldats, ramenés à la charge, forcèrent les retranchements de Ly-Sou, dont l’armée, surprise, battit en retraite l’espace de trois milles : dans cette déroute il perdit la moitié des siens, et quand il parut devant Liu-Pou, ce général, fort en colère, lui reprocha d’avoir compromis leur cause, abattu l’élan de l’ar-