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la Fidélité, les mécontents s’occupent d’élire un chef souverain, un généralissime ; scène imposante que suit la cérémonie primitive de la prestation de serment. Soldats et généraux jurent de se dévouer au salut de la dynastie, d’arracher le jeune prince des mains de Tong-Tcho. Dans des discours solennels, empruntés aux textes anciens, les seigneurs confédérés énoncent et développent avec noblesse, sans emphase, le principe au nom duquel ils ont pris les armes. On voit paraître dans cette assemblée tous les héros qui sont appelés à jouer un rôle dans la suite du récit ; ils s’y dessinent avec leurs caractères particuliers, de telle sorte qu’on pressent en partie l’avenir de chacun d’eux. Mais on devine que ces seigneurs, mus, dans le principe, par le désir de délivrer leur empereur, rêveront bientôt le retour à l’organisation féodale, dont le souvenir s’éveille en eux à la vue des bandes armées qui les suivent.

Les bannières sont déployées ; la ligue du bien public s’avance contre Tong-Tcho avec de brillants succès. La capitale est presque assiégée ; encore un effort, et l’ennemi commun va périr !… Tout à coup Tong-Tcho prend un parti extrême ; il quitte la capitale, et entraîne après lui la cour tremblante, la population éperdue, que les soldats poussent en avant par masses réglées ; le siège de l’empire est transporté à Tchang-Ngan. Les femmes, les enfants, les vieillards, maltraités et pillés par l’armée de Tong-Tcho, meurent sur la route de faim et de misère. Sur les ruines de la ville antique, livrée aux flammes par le tyran qui l’a désertée, les confédérés s’arrêtent. Leur coup est manqué ; les plus ardents poursuivent l’ennemi dans sa retraite ; mais les plus ambitieux, découragés