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capitale. Il n’avait pas fait trois milles, qu’une roue de son char se brisa ; mais les personnes qui l’entouraient le soutinrent et l’empêchèrent de tomber. Tong-Tcho répara le désordre de ses vêtements et s’élança sur un cheval ; mais à peine avait-il parcouru un mille, que son cheval poussa des hennissements furieux et rompit sa bride.

« Que veulent dire ces accidents, que présagent-ils ? demanda le premier ministre à son affidé Ly-Sou ; » et celui-ci répondit : « Votre Excellence doit hériter de l’empire des Han ; un nouveau maître va remplacer l’ancien. » Cette interprétation plut beaucoup à Tong-Tcho, qui vanta la sagacité de son fidèle serviteur.

Le lendemain s’éleva tout à coup un vent impétueux, et le ciel se couvrit de nuages. « Que veulent dire ces présages ? demanda Tong-Tcho. — Votre Excellence monte aujourd’hui sur le trône du dragon (le trône impérial), répliqua le courtisan ; ces nuages rouges, ces vapeurs pourprées, annoncent que le ciel va vous entourer d’une majesté imposante. »

Tong-Tcho étant arrivé aux portes de Tchang-Ngan, tous les magistrats vinrent à sa rencontre. Wang-Yun, Hwang-Ouan, Yang-Tsan, Chun-Yu-Kiong et Hwang-Fou-Song, se prosternèrent devant lui sur le bord du chemin, et se proclamèrent ses sujets. Ils lui dirent que l’empereur devait réunir tous les magistrats dans le palais appelé Weï-Yng-Tien, et qu’il avait l’intention de lui céder sa couronne. Tong-Tcho leur ordonna de se retirer. Le lendemain, dès la pointe du jour, tous les grands dignitaires vinrent le recevoir. Liu-Pou fut un des premiers à le féliciter.

« Seigneur, lui dit-il, demain vous devez n’entrer dans la ville qu’après vous être baigné et avoir pratiqué une abstinence sévère, si vous voulez recevoir la succession d’une dynastie qui est destinée à fleurir pendant dix mille générations. — Mon fils, répondit le tyran, il paraît certain que je vais monter sur le trône ; je vous nommerai commandant de toutes les troupes de l’Empire. « Liu-Pou le remercia, et s’endormit devant sa tente.