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— Je connais un homme du même pays que Liu-Pou, un intendant de cavalerie nommé Ly-Sou. Ces jours derniers, il était furieux contre Tong-Tcho de ce qu’il ne lui avait pas donné de l’avancement. Ordonnez à Liu-Pou d’envoyer chercher cet officier ; Tong-Tcho, qui ignore sa colère, ne concevra aucun doute. — À merveille ! s’écria Wang-Yun, » et le surlendemain il invita Liu-Pou à venir délibérer avec eux.

— « Lorsque autrefois je tuai Ting-Kien-Yang, leur dit Liu-Pou, ce fut ce même homme qui lui porta la parole. S’il n’y va pas aujourd’hui, je lui fais trancher la tête. » Et là-dessus il fait appeler Ly-Sou. « Autrefois, lui dit-il, grâce à votre éloquence, j’ai tué Ting-Kien-Yang, et je me suis rangé sous les ordres de Tong-Tcho. Mais, aujourd’hui, il a étouffé tout sentiment d’humanité et de justice, il a violé toutes les lois de l’État. Il insulte l’empereur, il tyrannise le peuple, il a comblé la mesure de ses crimes, il a allumé la haine des hommes et le courroux des dieux. Portez ce décret impérial dans la ville de Meï-Ou, et annoncez à Tong-Tcho que l’empereur l’attend au palais. Quand il arrivera, vous fondrez sur lui avec tous vos soldats, et vous le tuerez. Vous aurez relevé l’Empire chancelant des Han, et vous vous serez conduit comme un fidèle et loyal sujet. Quelles sont vos dispositions ? — Il y a déjà longtemps que je voulais exterminer ce monstre, reprit Ly-Sou ; mais jusqu’ici je n’ai pu en trouver l’occasion. Cette circonstance m’est offerte par le ciel ! »

À ces mots, il fit serment en brisant une flèche. « Si vous pouvez accomplir ce grand dessein, lui dit Wang-Yun, les charges et les honneurs n’exciteront plus vos regrets. »

Le lendemain Ly-Sou prit quelques dizaines de cavaliers et arriva avec eux dans la ville de Meï-Ou. Tout à coup on annonça à Tong-Tcho que l’empereur lui envoyait un décret. « Qu’on fasse entrer le messager impérial, s’écria Tong-Tcho. » Quand Ly-Sou eut fini sa double salutation, « quel ordre apportez-vous ? lui demanda Tong-Tcho. — L’empereur commence à entrer en convalescence ; il désire réunir tous les chefs civils et militaires dans le palais de Weï-Yng-Tien, et remettre sa couronne à Son Excellence le premier ministre. C’est là l’objet