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« Je voudrais tuer les ministres pervers qui bouleversent l’Empire. »


Quand elle eut fini de chanter, Tong-Tcho ne put se lasser de faire son éloge et d’exalter sa grâce et ses talents. Wang-Yun lui ordonna de présenter une coupe au premier ministre.

« Combien avez-vous de printemps ? » lui demanda Tong-Tcho en prenant la coupe. — « J’en compte vingt — En vérité, vous avez l’air d’une jeune immortelle, » s’écria Tong-Tcho.

— « Seigneur, lui dit Wang-Yun, après l’avoir salué deux fois, votre vieux serviteur désire offrir cette jeune fille à Votre Excellence ; mais daignerez-vous l’accepter ? — Si vous daignez me donner cette beauté divine, comment vous témoignerai-je ma reconnaissance ? — Obtenir la faveur de vous servir, serait pour elle le comble du bonheur. — Permettez-moi de vous remercier une seconde fois, » reprit le premier ministre. — « Le ciel commence à s’obscurcir, dit Wang-Yun ; je vais faire apprêter un char mollement suspendu, pour conduire Tiao-Tchan à votre hôtel. »

Tong-Tcho se leva et lui adressa ses remerciements. Dès que le char fut prêt, Wang-Yun, précédant le char de Tiao-Tchan, accompagna jusqu’à la porte de son hôtel Tong-Tcho qui lui ordonna alors de se retirer. Wang-Yun montait un cheval blanc, et devant lui marchaient cinq ou six hommes qui lui servaient d’escorte. À peine s’était-il éloigné de cent pas de l’hôtel du premier ministre, qu’il découvrit de loin deux files de lanternes qui éclairaient la route. À la faveur de cette lumière, il aperçut un homme à cheval et armé d’une longue lance. C’était Liu-Pou, qui passait à moitié ivre. Ayant tout à coup rencontré Wang-Yun, il alla droit à lui, le saisit d’un bras vigoureux, tira sa riche épée, et, arrondissant des yeux flamboyants : « Vieux scélérat, lui dit-il, tu t’étais donc moqué de moi ! Quoi ! tu m’offrais Tiao-Tchan, et voilà que tu la livres au premier ministre ? »

Wang-Yun l’interrompit brusquement : « Nous ne sommes point ici dans un lieu propre à converser. Venez chez moi, je