Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelles sont ses nobles dispositions. — Seigneur, vous êtes vous-même, reprit Tong-Tcho, un des plus anciens ministres de l’Empire ; puisque vous m’invitez pour demain, comment pourrais-je vous refuser ? »

Wang-Yun le remercia humblement. Dès qu’il fut rentré dans son hôtel, il fit décorer le premier salon avec un luxe éblouissant, placer au milieu un siège étincelant d’or et de pierreries, et étendre par terre, au dedans et au dehors de la salle, des tapis de soie, ornés des plus riches broderies. Le lendemain, vers la sixième heure, on vint annoncer l’arrivée du premier ministre. Wang-Yun alla le recevoir revêtu de ses habits de cérémonie, et se prosterna deux fois devant lui. Quand Tong-Tcho fut descendu de son char, une centaine de soldats armés de lances et de cuirasses l’escortèrent jusque dans la salle et se rangèrent sur deux lignes. Leur armure était blanche comme la neige et brillante comme la gelée du printemps. Wang-Yun se prosterna deux fois devant Tong-Tcho qui lui présenta la main pour le relever et le fit asseoir à sa droite. « Seigneur, lui dit Wang-Yun, la vertu de Votre Excellence est si grande et si sublime, qu’elle efface celle de Y-Yn et de Tcheou-Kong, ces héros de l’antiquité. » Tong-Tcho fut ravi de joie ; il prit une tasse remplie de vin et donna lui-même le signal de la musique. Wang-Yun lui prodigua toutes sortes de marques de déférence et de dévoûment, il lui témoigna plus de respect que s’il eût été l’empereur.

Peu à peu le ciel devint sombre. Wang-Yun, voyant que Tong-Tcho commençait déjà à être étourdi par les fumées du vin, l’invita à passer dans un salon retiré. Tong-Tcho ordonna à ses soldats de rester en l’attendant dans l’intérieur du palais.

Wang-Yun présenta une coupe au premier ministre et lui dit en le félicitant : « Depuis mon enfance, j’ai étudié les lois de l’astronomie ; d’après l’aspect que présentent ce soir les astres qui brillent au ciel, je vois que la dynastie de Han a achevé sa destinée. Tout l’Empire retentit du bruit de vos exploits : vous remplacerez l’empereur des Han comme Chun succéda à Yao, comme Yao lui-même succéda à Chun. Telle est la volonté du