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d’étoffe jaune, accoururent en armes autour de lui, tant le peuple des provinces avait l’esprit frappé des maux sans nombre qui désolaient l’Empire, tant il souffrait de ce malaise inexprimable, de cette inquiétude douloureuse dont les masses veulent sortir à tout prix.

Les eunuques entendirent la voix publique les accuser d’être la cause des calamités surnaturelles que déversait sur les populations la colère divine ; ils supplièrent l’empereur de rappeler ceux d’entre les grands qui avaient échappé aux proscriptions. Mais, quand la révolte fut apaisée, quand la paix fut rétablie sur tous les points, il arriva que le souverain, délivré du péril, attribua le mérite de la victoire aux sages mesures prises par ses favoris. Après s’être un instant inclinés devant la supériorité de leurs adversaires, les courtisans relevaient la tête ; tandis que des chefs habiles triomphaient au loin, et sauvaient l’empire, la calomnie travaillait à diminuer l’importance de leurs services et à les rejeter dans l’ombre.

Cependant, si l’ingratitude du monarque et la haine des officiers du palais tendaient à éloigner de la cour les hommes les plus distingués de la Chine, cette guerre avait armé et placé en évidence des généraux entreprenants, hautains, ambitieux aussi, qui ne consentirent point à remettre le glaive dans le fourreau. Quand l’empereur Ling-Ty mourut, ils se liguèrent contre les favoris, résolus à garder le pouvoir, incendièrent la résidence impériale, devenue le foyer des plus inextricables intrigues, et massacrèrent les eunuques avec leurs familles ; la réaction fut complète, la vengeance terrible. Ici finit le premier acte de ce drame immense, ou plutôt un prologue en action a préparé les événements qui vont suivre. Le