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CHAPITRE III.


Mort de Tong-Tcho.


I.[1]


Or Tong-Tcho se trouvait dans la ville de Tchang-Ngan lorsqu’il apprit la mort du général Sun-Kien. « Enfin, s’écria-t-il, me voilà délivré du poids qui m’accablait. » Il demanda alors l’âge de son fils Sun-Tsé. « Dix-sept ans, » lui répondirent ceux qui l’entouraient. « Dix-sept ans ! ce n’est pas la peine d’en parler. »

Dès ce moment Tong-Tcho prit le titre de régent ; et, pour imiter l’empereur, dont il usurpait les droits, il ne sortait jamais sans se faire accompagner d’une escorte nombreuse. Il nomma Tong-Min, son jeune frère, prince de Kho, et général de l’armée de gauche, et donna à son frère aîné, Tong-Hwang, le titre d’intendant du palais et le commandement de la garde impériale. Il faisait des princes suivant son caprice, sans se donner la peine de demander quel était leur âge ni leur famille ; et il conférait à des enfants des deux sexes, que berçaient encore leurs nourrices, les rangs et les dignités que distinguent la robe écarlate et la ceinture d’or. Il envoya deux cent cinquante mille hommes de corvée pour construire la ville de Meï-Ou. Il voulut que ses murs embrassassent une circonférence de plus de vingt milles, et qu’ils eussent la même hauteur et la même épaisseur que ceux de la capitale, qui en était éloignée de sept à huit lieues. Il éleva dans l’intérieur de la ville des palais somptueux et des greniers d’abondance où il rassembla des provisions de grain pour vingt ans. Il choisit parmi le peuple huit cents des

  1. Vol. I, livre II, suite du chap. IV, p. 59 du texte chinois. Nous reproduisons textuellement la traduction que M. Stanislas Julien a faite de cet épisode.