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de sa tente, des voix d’hommes ; vite il saute à cheval avec une trentaine de cavaliers, se dirige vers la partie orientale du camp, et apprend de la bouche des gardes qu’un groupe d’ennemis, déjà en marche vers la montagne, a franchi les lignes. Sans demander plus de détails, Sun-Kien se lance à leur poursuite avec ses trente cavaliers, et crie : « Arrêtez, fuyards ! » Liu-Kong, qui avait déjà placé son monde en embuscade dans la montagne et dans la forêt, se retourne, engage la lutte, et se remet à galoper vers les hauteurs, toujours harcelé par Sun-Kien, qui ne sait où son ennemi veut l’entraîner. À peine arrive-t-il sur la montagne, qu’il est assailli d’en haut par une grêle de pierres ; les flèches pleuvent d’en bas, du côté de la forêt ; les soldats en embuscade se démasquent et criblent Sun-Kien de traits et de cailloux. Le crâne fracassé, il tombe… Le maître et le cheval avaient péri tous les deux sur le mont Sien-Chan ! Sun-Kien était âgé de trente-sept ans ; il mourut la 3e année du règne de Hiao-Hien-Ty, le 7e jour du 11e mois.

[Année 193 de J.-C] Les trente cavaliers, arrêtés dans la route, tombèrent sous les coups de Liu-Kong ; il donna le signal. Les trois lieutenants du gouverneur (Hwang-Tsou, Kouay-Youe, Tsay-Mao) font une sortie, et les troupes du Kiang-Tong sont en pleine déroute. Au bruit de cette armée se précipitant en désordre, Hwang-Kay amena les troupes qui étaient sur les bateaux pour défendre le camp ; il attaqua et fit prisonnier Hwang-Tsou lui-même. Tching-Pou, qui gardait près de lui le fils de son général (dont il ignorait la mort) cherchait la route ; il rencontre Liu-Kong, et, après une courte lutte, le tue d’un coup de lance. Ce fut bientôt une mêlée complète ; on s’égorgea jusqu’au jour. Alors chacun rallia ses soldats, et Liéou-Piéou rentra dans la ville.

Cependant Sun-Tsé, revenant aux bords du fleuve Han, apprit la mort de son père ; il courut avec des larmes et des sanglots à la recherche de son corps. Les troupes de Piéou l’avaient emporté ; et à travers le camp ce furent des cris et des larmes sans fin. « Si le cadavre de mon père est aux mains des ennemis, dit l’enfant, comment retournerais-je dans ma famille ?