Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cependant les barbares du nord-est envahissaient le territoire des Han ; des inondations extraordinaires causaient de grands ravages dans les provinces maritimes. Des prodiges de toute espèce effrayaient les populations mécontentes, terrifiaient le timide empereur, isolé de tous ceux dont il désirait secrètement les conseils, et se repentant, en ces jours d’épreuve, d’avoir consenti au supplice de tant de sujets éclairés, dévoués à sa personne. Au milieu de ces circonstances alarmantes, la révolte des Bonnets-Jaunes vint jeter l’empire dans de nouvelles perplexités ; voici à quelle occasion. Des maladies contagieuses décimaient les habitants des provinces orientales. « Cette épidémie, dit Klaproth dans ses Tableaux historiques de l’Asie, paraît avoir été une véritable peste ; elle continua ses ravages pendant onze ans. » Un docteur de la secte des Tao-Ssé prétendit guérir les malades en leur faisant boire une eau sur laquelle il avait prononcé des paroles mystérieuses. Les populations séduites suivirent en foule le médecin Tchang-Kio, qui vit croître rapidement le nombre de ses disciples ; il les organisa en corps réguliers, leur donna des chefs, et se trouva bientôt à la tête d’un parti si considérable qu’il songea à se déclarer empereur ; la faiblesse du gouvernement l’encourageait à porter si haut ses vues. Secondé par ses deux frères, il tenta d’établir des relations avec les eunuques, de se faire des amis à la cour. Mais ses projets ayant été trahis, il sentit qu’il ne lui restait d’autre ressource que d’éclater au plus vite. Tchang-Kio leva donc l’étendard de la révolte, en proclamant, avec l’autorité d’un prophète, que la dynastie des Han allait faire place à une autre. Cinq cent mille hommes, portant sur la tête des pièces