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jusque sur les bords du fleuve Han. Les bateaux confiés à la garde de Hwang-Kay distribuent les troupes victorieuses le long des deux fleuves[1].

Hwang-Tsou vint rendre compte de sa défaite à Piéou, qui délibéra de nouveau avec ses conseillers. « Puisqu’on ne peut résister à Sun-Kien, dit Kouay-Léang, puisque les troupes battues, découragées, n’ont plus la force de combattre, il faut se mettre à l’abri au milieu des vallées, des collines, éviter la bataille et demander secrètement des renforts à Youen-Chao, c’est le seul moyen de salut. » Un autre, Tsay-Mao, blâmait ce lâche conseil : fallait-il, quand l’ennemi était prêt à bloquer les murailles, se croiser les bras et attendre la mort ?

Cet avis plut à Liéou-Piéou ; Tsay-Mao, qui l’avait donné en s’offrant de le mettre à exécution, sortit avec dix mille hommes sous les murs de Siang-Yang, et les rangea en bataille près du mont Sien-Chan, situé devant la ville. Chef d’une armée triomphante, Sun-Kien arrivait au galop, et dès qu’il vit paraître Tsay-Mao, frère aîné d’une des concubines de Piéou, il s’écria : « Qui va me le prendre ? » Tching-Pou répond à l’appel. Après une courte attaque, Mao est forcé de fuir jusque dans les murs de la ville ; la plaine est jonchée des débris de ses troupes. Sa défaite lui fut amèrement reprochée par Kouay-Léang, qui, lui-même ayant conseillé la prudence, demandait qu’on tranchât la tête au vaincu ; mais Piéou, par amour pour la sœur du coupable, refusa de lui infliger un pareil châtiment.

Cependant la nouvelle arriva bientôt que l’ennemi cernait la ville. Kouay-Léang fut chargé de défendre les fossés avec un corps de troupes, pendant qu’on envoyait un courrier à Youen-Chao pour lui demander des renforts. Depuis plusieurs jours les assiégés résistaient, lorsqu’un tourbillon brisa le bâton de l’étendard de la division du centre de l’armée de Sun-Kien ; Tching-Pou vit dans cet incident un augure fâcheux ; il fallait rappeler les soldats. « Ah ! répondit Sun-Kien, après tant de victoires

  1. Le fleuve Han coule au nord-ouest de la ville de Siang-Hyang ; il prend sa source dans les monts Pou-Tchong-Chan du Chen-Sy. L’autre fleuve désigné ici est le Kiang.