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leurs traits en masse. Tsou ne put tenir sur le rivage, les siens se retirèrent en désordre ; ainsi les trois corps d’armée, ayant à leur tête chacun un des trois lieutenants de Sun-Kien[1], débarquèrent et chargèrent tous ensemble, si bien que Tsou éprouva une déroute complète. Il abandonna la ville forte qu’il défendait pour se réfugier dans celle de Teng-Tching. Sun-Kien, laissant ses bateaux sous la garde de la troisième division, courait lui-même à la poursuite des fuyards jusqu’auprès de Teng-Tching ; mais Tsou vint lui présenter la bataille dans une plaine inculte. Aussitôt Sun-Kien déploie son armée : il est debout avec ses chefs, au pied de son étendard ; le casque en tête, la lance au poing, couvert de sa cuirasse, le jeune Sun-Tsé paraît à cheval auprès de son père. Hwang-Tsou s’avance avec deux de ses lieutenants, Tchang-Hou et Tchin-Seng, anciens rebelles du pays de Kiang-Hia, soumis depuis à Liéou-Piéou.

« Vils bandits de la rive orientale, crie Hwang-Tsou en provoquant l’ennemi, osez-vous bien attaquer un parent de l’empereur et envahir son territoire ! » Aussitôt Tchang-Hou, brandissant son trident de cuivre jaune, lance son cheval… à la voix de Sun-Kien, qui s’est écrié : « Quel homme de cœur me tuera ce brigand ? » Han-Tang vole à la rencontre du chef ennemi ; la lutte est longue et le succès douteux ; cependant Tchin-Seng voit que les forces de son compagnon s’épuisent ; la lance au poing, il se précipite hors des rangs pour le secourir, espérant venir à bout de Han-Tang par cette double attaque. Mais le jeune Sun-Tsé, debout derrière son père, l’a vu venir ; il dépose sa pique, tend son arc, et lance une flèche qui perce le visage de Tchin-Seng. Le guerrier blessé tombe à terre, son compagnon tremblant ne peut plus combattre, et Han-Tang lui fend le crâne d’un coup de sabre.

Hwang-Tsou, à son tour serré de près par Tching-Pou, est forcé de se débarrasser de son casque ; il abandonne son cheval et se réfugie à pied au milieu des bataillons de son infanterie. L’armée vaincue est poursuivie par Sun-Kien, qui la décime,

  1. Au milieu Han-Tang, à gauche Tching-Pou, à droite Hwang-Kay.