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Chao ne lui envoya pas un cheval, furieux de cette indifférence, il se tourna vers le gouverneur de Hing-Tchéou, vers Liéou-Piéou, pour lui demander des vivres ; celui-ci ne lui donna pas un grain de blé. Dans sa colère, Youen-Chu écrivit secrètement à Sun-Kien (qui venait de se déclarer indépendant, et à qui lui-même il avait, au commencement de cette guerre, refusé des provisions), la lettre suivante :

« Naguères, mon frère Youen-Chao a voulu vous enlever le sceau impéral et empêcher votre retraite. Aujourd’hui, il a levé des troupes avec Piéou et envahi une province à l’est du fleuve Kiang. Cette conduite m’a révolté. Rendez-vous maître de Hing-Tchéou, et je vous aiderai à battre mon frère ; vengeons nos injures mutuelles. Vous garderez cette ville, moi je prendrai celle de Ky-Tchéou. Hâtons-nous d’accomplir cette entreprise. »

Sun-Kien trouva l’occasion excellente de se venger du gouverneur Liéou-Piéou, qui lui avait barré le chemin quand il songeait à passer dans le Kiang-Tong. Avec ses trois amis dévoués (Tching-Pou, Hwang-Kay et Han-Tang), réunis en conseil, il délibéra sur le parti à prendre. Le premier disait qu’il fallait se défier des paroles d’un homme artificieux comme Youen-Chu ; mais Sun-Kien, songeant bien qu’il pouvait, sans le secours de cet allié, tirer vengeance de Youen-Chao, envoya Hwang-Kay en avant, rassembler sur les bords du fleuve Kiang cinq cents bateaux. Il devait aussi faire des provisions d’armes, de vivres et de fourrages. Les grandes barques étaient destinées au transport des chevaux, et l’on n’attendait qu’un jour favorable pour entrer en campagne. Ce fut alors que des espions vinrent annoncer à Liéou-Piéou, en dedans du Kiang, le danger dont il était menacé.

Celui-ci, dans sa frayeur, réunit ses mandarins civils et militaires pour avoir leurs avis. L’un des conseillers, Kouay-Léang, pensa que le gouverneur devait calmer ses alarmes, envoyer en avant les troupes du Kiang-Hia, sous les ordres de Hwang-Tsou, et les soutenir lui-même en marchant à la tête des soldats de sa province ; l’ennemi venu de loin, embarrassé par