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l’intendant Tchao-Ky. Le généralissime de l’ancienne confédération, Youen-Chao, fit dix milles pour recevoir dignement les commissaires impériaux ; et tandis que ceux-ci étaient dans le camp, Sun-Tsan, instruit des volontés du souverain, fit parvenir à son compétiteur la lettre suivante :

« Les deux commissaires impériaux, imitant les vertus de Tchéou et de Tchao, sont venus nous apporter un ordre qui fait connaître les faveurs dont nous honore le souverain, et nous enseigne la réconciliation. Lorsque dans le ciel les nuages s’entr’ouvrent et laissent voir le soleil, quelle joie dans le monde ! Telle est celle que j’éprouve. Jadis, au temps de Kwang-Wou, Kia-Fou et Kieou-Siun, qui, tous les deux à la tête d’un parti, cherchaient à se perdre, se soumirent à ce grand empereur, vaincus par sa clémence ; et quand ils parurent, montés sur le même char, le peuple les glorifia. Moi qui suis bien peu de chose, si j’obtiens avec vous un pareil bonheur, il sera bien grand pour moi et je croirai vous être redevable d’un bienfait ! »

Cette lettre fit grand plaisir à Youen-Chao. Le lendemain les deux commissaires se rendirent au camp de Sun-Tsan, qui, après les avoir festoyés pendant un jour, les mit poliment sur la route de la capitale. D’après la recommandation de son protecteur Sun-Tsan, Hiuen-Té fut confirmé par l’empereur dans la place de gouverneur du district de Ping-Youen ; et, serrant la main de son jeune ami Tseu-Long, il lui dit un adieu qui fut de part et d’autre mêlé de larmes abondantes. « Hélas ! disait Tseu-Long, j’avais cru voir dans Sun-Tsan le héros de notre époque, et je comprends aujourd’hui que c’est un homme de la trempe de Youen-Chao. — Servez-le avec courage, général, reprit Hiuen-Té, nous nous reverrons un jour ! » Et ils se quittèrent en pleurant : l’un retourna à son poste, l’autre suivit le chef dont il avait embrassé le parti.

Cependant le frère du généralissime de l’armée désormais dissoute, Youen-Chu (retiré alors à Nan-Yang), averti que celui-ci venait de se rendre maître de la ville de Ky-Tchéou, lui avait fait demander un renfort de mille chevaux ; et comme Youen-