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CHAPITRE II.


Guerre civile, mort de Sun-Kien.


I.[1]


Heureusement les officiers de Youen-Chao sauvèrent leur chef en se battant avec courage, et se retirèrent avec lui derrière le pont. De son côté, Sun-Tsan rassembla ses troupes et retourna à son camp. Hiuen-Té vint présenter ses respects à son ancien général, qui le remercia de l’avoir fait échapper à un si pressant péril ; il lui amena le jeune Tseu-Long, à qui Hiuen-Té témoigna beaucoup d’estime, et bientôt une amitié qui devint chaque jour plus intime (comme on le verra par la suite). Après ce premier combat, Youen-Chao s’affermit dans la province sans songer à reprendre l’offensive. De part et d’autre, on s’observa pendant un mois.

Cependant, établi à Tchang-Ngan, où il prenait le titre de premier ministre, Tong-Tcho se plaçait au-dessus de tous les princes de second rang, et il paraissait en public monté sur un char orné d’une couverture brune semée de dessins en or. Il fut averti que Youen-Chao, voyant son armée épuisée, se fortifiait et n’osait plus se battre. Pendant bien des semaines, Sun-Tsan et lui s’étaient attaqués sur les bords du Pan-Ho. Ly-Jou conseilla au régent de demander à l’empereur un ordre qui enjoignît à ces deux généraux les plus distingués de leur temps de se présenter à la cour ; touchés de cette grâce, ils ne manqueraient pas de se soumettre. Dès le lendemain, en effet, Tong-Tcho, qui approuvait le conseil, obtint du jeune souverain qu’on envoyât vers eux deux grands personnages du palais, le ministre Ma-Jy-Ty et

  1. Vol. I, livre II, chap. IV, p. 44 du texte chinois.