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pas remuer. Le lieutenant de Sun-Tsan se jette sur eux au bruit du tambour ; mais leur chef le laisse venir sans démasquer le piège : seulement, quand ceux-ci ne sont plus qu’à dix pas, un canon donne le signal ; les huit cents arcs lancent tout à coup leurs flèches, et le lieutenant de Sun-Tsan bat précipitamment en retraite ; puis il tombe sous les coups de Kio-Y, qui s’est lancé à sa poursuite. La déroute est complète du côté de Sun-Tsan ; les deux ailes de son armée sont attaquées par les deux ailes de celle de Youen-Chao ; la division du centre arrive près du pont en masse le sabre à la main ; l’officier qui portait l’étendard rouge est tué par le chef des archers, Kio-Y. La mort de son porte-enseigne est pour Sun-Tsan le signal d’une nouvelle attaque ; mais ses efforts sont vains ; il redescend sur le pont et prend la fuite ; son arrière-garde est culbutée. Tout à coup, un de ses lieutenants se tient ferme dans la mêlée avec cinq cents hommes. À son tour Kio-Y se trouve harcelé, serré de près par ce chef, qui n’est autre que Tseu-Long. Le jeune héros l’attaque à plusieurs reprises, le renverse mort de dessus son cheval, et va seul porter le carnage dans l’armée de Youen-Chao. Il sème la mort autour de lui, traverse les rangs ennemis comme des lignes fictives de combattants ; et, pendant ce temps, Sun-Tsan, qui a conduit de nouveau ses troupes au combat, demeure à la fin victorieux. C’est lui alors qui se lance à la poursuite de Chao, dont les soldats se dispersent de toutes parts.

Instruit du premier succès remporté par ses archers et de la mort du porte-étendard ennemi, Youen-Chao, loin de s’attendre à ce revers, était accompagné d’une centaine de fantassins de ses gardes et d’une dizaine de cavaliers ; il s’amusait avec Tien-Fong, l’un de ses officiers supérieurs, à rire et à causer de la défaite certaine de Sun-Tsan, quand parut Tseu-Long, culbutant ses lignes. Les flèches pleuvent, l’armée ennemie les enveloppe de plus en plus. » Il ne fait pas bon ici, dit Tien-Fong, allons nous cacher dans cette maison déserte. — Non, répondit Chao en jetant son casque ; un héros doit affronter l’ennemi et combattre jusqu’à la mort, plutôt que de se sauver ainsi ! » Rani-