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sauver le peuple. Je venais pour me donner à vous et j’ai pu vous trouver dans ce moment heureux. — Tous les habitants de votre ville, répondit Sun-Tsan en lui serrant la main, se rallient avec empressement autour de Youen-Chao, comment vous êtes-vous seul tourné vers moi ? — L’Empire est livré à l’anarchie, répliqua Tseu-Long ; le peuple environné de dangers est dans l’inquiétude : général, vous qui brillez par des sentiments humains et loyaux, veuillez pacifier l’Empire, et je ne serai plus seul à déserter la cause de Youen-Chao pour suivre la vôtre. »

Plein de joie, Sun-Tsan retourne à son camp pour remettre l’ordre parmi ses soldats ; et le lendemain, il déploie à l’entrée du pont une division menaçante de deux mille hommes, tous montés sur des chevaux blancs ; ensuite il partage son armée en deux ailes ; à droite et à gauche de son infanterie il développe une ligne de cinq mille cavaliers, dont la plus grande partie monte aussi des chevaux de la même couleur[1]. À la voix de Youen-Chao, leur chef, Wen-Tchéou et Yen-Liang commencent l’attaque avec chacun mille archers qui harcèlent les deux ailes ; au centre se tient Kio-Y avec huit cents autres archers et quinze mille fantassins, qui forment au milieu de l’armée un cercle parfait ; Youen-Chao les soutient en personne avec environ dix mille hommes. Ne sachant trop jusqu’à quel point il doit compter sur le jeune officier passé sous ses drapeaux, Sun-Tsan le met à l’arrière-garde ; l’avant-garde est commandée par Yen-Kang, son premier lieutenant ; lui-même il est au centre, en tête du pont, à cheval. Un étendard de soie rouge, sur lequel sont inscrits ses noms en caractères d’or, flotte devant lui. Toute la matinée, il fait résonner les tambours, mais les soldats ennemis n’ont pas fait un mouvement.

Les huit cents archers du centre avaient eu l’ordre de se cacher derrière de grands boucliers qui parent les flèches, et de ne

  1. Dans un combat contre les peuples pasteurs du nord-ouest de la Chine il avait choisi les chevaux blancs pour commencer l’attaque ; on l’avait même surnommé le général des cheveux blancs. Les barbares fuyaient rien qu’à la vue de ces cavaliers renommés ; il avait donc un grand nombre de chevaux de cette couleur dans son armée.